Lors de son 4e congrès mondial, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a adopté une recommandation visant à suspendre les autorisations de capture de thon rouge en mer Méditerranée. Une proposition qui devrait être débattue, en novembre prochain, lors de la réunion de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) qui se tiendra au Maroc. L'Algérie participera à cette réunion en sa qualité de membre de l'Iccat.Rappelons que durant la dernière réunion de l'Iccat, qui s'est tenue en novembre 2007, l'Algérie a obtenu, avec ses voisins du Maghreb , un nouveau quota de pêche de thon. L'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye ont obtenu cette révision à la hausse des quotas de pêche par le fait que leurs dernières prises ont été inférieures aux quotas qui leur avaient été accordés.Il est à signaler aussi que l'Algérie avait bénéficié d'un quota de pêche de thon rouge de 1.500 tonnes en 2003 et de 1.700 tonnes en 2006. Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques avait indiqué à l'époque que l'Algérie n'était pas outillée pour exploiter elle-même le thon rouge, qui nécessite des thoniers. Le ministre avait signalé néanmoins que l'Algérie allait acquérir des thoniers.Pour revenir aux recommandations de l'UICN, cette dernière fixe chaque année le quota de thon rouge pouvant être prélevé. Alors que le niveau de capture autorisé était de 29 500 tonnes pour 2007, ce sont dans les faits plus de 60 000 tonnes de thon (selon la commission scientifique de l'Iccat) qui ont été capturées l'année dernière. Cette surpêche menace à courte échéance les stocks de thons méditerranéens et pourrait aboutir à la disparition de l'espèce dans cette zone comme cela s'est produit dans l'ouest de l'Atlantique. L'interdiction de toute capture vise à rétablir les populations de thon également menacées par la pêche de poissons juvéniles qui sont ensuite engraissés en bassin d'élevage. Selon les estimations de la FAO, la production annuelle de thon rouge, grâce à cette technique, s'établirait actuellement autour de 25 000 tonnes, soit 10 000 tonnes de plus qu'il y a à peine cinq ans. L'Espagne, un des principaux exportateurs, et le Japon (importateur), se seraient ralliés à la proposition, selon un communiqué du Fonds mondial pour la nature (WWF). Cette annonce n'est pas anodine, les recommandations de l'UICN étant généralement rapidement mises en application. Si tel est le cas, la pêche au thon rouge pourrait être suspendue immédiatement après la réunion de l'Iccat,à Marrakech.L'événement majeur reste le ralliement, pour la première fois, des Espagnols et des Japonais à une majorité d'autres pays afin de proposer la fermeture de la pêche au thon rouge en Méditerranée. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a salué dans un communiqué cette "avancée historique".L'Espagne est un des premiers pays pêcheurs de thon rouge et le marché japonais constitue leur principal débouché.L'association écologiste Greenpeace s'est elle aussi félicitée de cette décision, estimant qu'un moratoire était indispensable, étant donné le risque élevé d'effondrement du stock de thon rouge.Cette recommandation correspond à ce que Greenpeace demande depuis des années et s'ajoute à de multiples appels récents d'experts allant dans le même sens. Alors que le niveau de capture autorisé par l'Iccat était de 29.500 tonnes pour 2007, le niveau réel de capture a été de 61.000 t, soit plus du double, selon le rapport du comité scientifique de cet organisme rendu public."L'Iccat doit désormais tenir compte des revendications de la communauté internationale pour sauver le thon rouge de Méditerranée. Cette année, la réunion de l'Iccat sera celle de la dernière chance pour éviter l'effondrement de l'espèce", ont commenté certains experts.