Le ministre iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari a estimé hier que le marché pétrolier mondial souffrait d'un excédent de l'offre de deux millions de barils par jour. "Il y a un excédent de deux millions de barils par jour sur le marché et nous cherchons à créer un équilibre entre l'offre et la demande", a dit M. Nozari à la presse à l'occasion d'un forum sur le pétrole et le gaz à Téhéran. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Iran est le deuxième producteur, a opté pour le statu quo sur ses quotas de production samedi lors d'une réunion informelle au Caire. Le secrétaire général du cartel Abdallah el-Badri a cependant affirmé à cette occasion qu'il y avait au sein de l'Opep "un consensus général pour une action" visant à soutenir les cours lors de sa prochaine réunion le 17 décembre à Oran (Algérie). L'Iran, dont la moitié du budget de l'Etat dépend de ses exportations de brut, souhaitait que la réunion du Caire décide d'une réduction du quota de production de l'Opep de 1 à 1,5 mbj. Dimanche M. Nozari s'est refusé à préciser l'ampleur de la réduction que Téhéran souhaitait pour la réunion d'Oran. "Nous devrions étudier les conditions du marché, qui a trouvé une meilleure stabilité ces derniers jours par rapport à la période antérieure", a dit le ministre. Les prix du brut ont chuté de manière spectaculaire ces derniers mois, en étant divisés par trois depuis juillet, et sont tombés récemment jusque sous les 50 dollars le baril. Néanmoins, face à la dégringolade des prix de l'or noir, l'Opep risque de prendre des mesures conséquentes. Le cartel pétrolier envisage de baisser substantiellement sa production lors de sa prochaine réunion, le 17 décembre à Oran. Selon les analystes, cette baisse de production pourrait être d'au moins 1 million de baril par jour (mbj), certains évoquant une fourchette entre 1,5 et 2 mbj. Déjà, le 24 octobre dernier, l'Opep avait annoncé une baisse de 1,5 mbj du seuil de production de ses 11 membres soumis au système des quotas (l'Irak en est exclu), à 27,3 mbj à partir du 1er novembre. En septembre, ils avaient appelé à un plus strict respect des quotas, ce qui équivalait à une baisse de production de quelque 500.000 barils par jour. Il faut dire que le cartel est confronté à une situation difficile. Le ralentissement économique mondial pèse sur la demande et a entraîné une chute brutale des prix passant d'un record à 147 dollars en juillet contre des niveaux de 50 dollars actuellement. "L'Opep fait face aux circonstances les plus dures depuis 10, voire 30 ans", ce qui rend les décisions difficiles et les relations en son sein plus fractionnées "et même tendues", remarque Raad Alkadiri, analyste de PFC Energy, qui souligne que le marché est "extrêmement baissier". L'Opep, qui produit 40% du pétrole mondial, est confrontée à un dilemme: ne pas resserrer son offre suffisamment entraînerait la formation d'un surplus sur le marché pétrolier et pousserait les prix encore plus à la baisse, la réduire trop serait contre-productif. Le cartel avait chèrement payé il y a dix ans son manque de réactivité face à la crise asiatique. Il avait réduit sa production trop tard et les prix étaient tombés sous les 10 dollars le baril. L'Opep veut à tout prix éviter que ce scénario se reproduise, alors que les prix du brut ont fondu de près de 70% depuis leurs records de juillet, tombant sous 50 dollars la semaine dernière, au plus bas depuis près de quatre ans. "La situation économique se détériore chaque semaine", constate Bill Farren-Price, ce qui sape la demande d'or noir. "Chaque fois que les prix du pétrole commencent à baisser, la politique interne de l'Opep devient plus difficile", d'où le rythme de plus en plus rapproché des réunions, ajoute-t-il. Car pomper moins de pétrole signifie dans l'immédiat en vendre moins, et voir ses revenus baisser. En outre, réduire l'offre fait prendre le risque aux membres de l'Opep de voir les producteurs hors Opep gagner des parts de marché à leur dépens. Le secrétaire général en a donc profité pour appeler les pays hors Opep à participer à la baisse de production du cartel, et a indiqué que le Mexique, la Norvège ou la Russie devraient venir à la réunion d'Oran.