La salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth accueillera à partir d'aujourd'hui le festival de la musique andalouse et des musiques anciennes qui se poursuivra jusqu'au 25 du mois en cours. Ce rendez vous lyrique regroupera une ribambelle d'artistes nationaux et internationaux qui auront à se relayer durant une dizaine de jours sur la scène afin de faire partager des genres et des styles aussi proches que différents. Cette manifestation sera un moment fort qui permettra de " renouer avec le dynamisme culturel du pays ", a indiqué samedi Rachid Guerbas, commissaire du festival, lors d'une conférence de presse. Mais qu'est ce que la musique andalouse et qu'est ce que la musique ancienne ? Selon les professionnels on entend par les musiques anciennes, toute musique composée avant la fin du XVIIIe siècle. Il s'agit aussi d'un mouvement général de conception de la musique et de son interprétation. Les questions qui se posent concernent la période couverte par le terme de "musique ancienne ", les caractéristiques de cette musique et les interprétations/réinterprétations contemporaines qui en sont faites. En revanche, la musique andalouse est l'héritière de la musique chrétienne pratiquée en Espagne et au Portugal avant la Conquista. C'est aussi une musique afro-berbère du Maghreb du fait de la tradition musicale arabe transmise au IXe siècle de Bagdad (alors capitale des Abbassides) à Cordoue et Grenade, grâce notamment à Abou El Hassan Ali Ben Nafiq ou Ziriab, musicien brillant qui en créa à l'époque les bases, en composant des milliers de chants et en instituant le cycle des noubate, composées de formes poétiques telle le muwashshah ou le zajal (qui furent une des sources des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille, et du flamenco). La nouba se distingue de la wasla et de la qasida arabes tant par ses modes que par ses formes. Sur la base de ces rappels, nous pouvons affirmer que la musique andalouse est une musique ancienne et que la musique ancienne n'est pas nécessairement andalouse. En tout cas, la musique andalouse dans toutes ses variations sera lors de cette rencontre, confrontée aux musiques anciennes qui ont été à coup sûr retraduite à travers les nouveaux apports et les déplacements qu'ont subis les êtres et les choses. Pour Guerbas, ce festival est une tribune par laquelle nous pouvons dire que "nous n'avons rien piqué aux autres, mais on a été suffisamment inspirés pour composer nous-mêmes." Avant de rendre hommage aux formations musicales de d'Alger, de Tlemcen, de Constantine qui s'étaient distinguées ici ou ailleurs lors de rencontres du genre Guerbas signale que le menu de ce festival sera dense. Il y aura à l'affiche, du malouf avec l'ensemble régional de Constantine, de la musique ottomane avec le Stambouli Sanat Music. Des Muwachahat d'Alep avec l'ensemble syrien Nabil Kassis et du chant malouf avec Abbas Righi le mardi 16 décembre. Guitare portugaise ancienne par Pedro Jola puis concert de l'association Awtar de Tlemcen, le mercredi 17 décembre. La guitare manouche et malgache avec Michel Randria, suivie de Dar El Ghernata de Koléa, le jeudi 18 décembre. Du baroque espagnol avec Capella de Ministres puis l'ensemble régional de Tlemcen, le samedi 20 décembre. L'association Maqam de Constantine suivie de l'ensemble iranien Varashan, le dimanche 21 décembre. L'association Djennadia de Boufarik puis le Jawq El Qyrawani de Tunis, le lundi 22 décembre. Concert de Chabab el andalous de Rabat le mardi 23. L'ensemble régional d'Alger puis ensemble de malouf libyen le mercredi 23 décembre et enfin, l'ensemble national algérien de musique andalouse dirigé par Rachid Guerbas avec les solistes Chaouli, Benmiloud et Rouana qui clôtureront en beauté la soirée du jeudi 25 décembre. En parallèle à ces concerts quotidiens, il est prévu des conférences ainsi que des tables rondes qui toucheront à l'histoire de la chose lyrique. Par ailleurs, la guitare, le qanoun, le luth, des instruments, anciens seront les stars de cette rencontre qui se tournera principalement vers l'authenticité de la chose musicale.