Il est connu maintenant qu'avec toutes nos insuffisances, qu'avec notre forte dépendance au pétrole, qu'avec la descente aux enfers des cours du baril, nous ne pourrons plus soutenir le niveau des dépenses publiques, le niveau de nos importations, à moins de " piller " nos réserves de change pour continuer à vivre à l'aise pendant deux ou trois années avant de risquer de déposer le bilan. Si un pays pouvait se gérer comme une entreprise, nombre d'entre eux auraient déjà déposé le bilan. Faudrait-il maintenant marquer une pause, une pause assez longue qui différerait d'autant notre pays dans l'entrée en l'économie de marché, dans le processus d'adhésion à l'OMC, dans le démantèlement programmé de la baisse des tarifs douaniers contenus dans l'accord d'association avec l'Union européenne, le temps nécessaire à notre mise à niveau sans fixer d'échéances ? Il est bien compris, aujourd'hui, qu'entrer en économie de marché dans la situation économique dans laquelle nous vivons, à savoir que nous devons " tout " au pétrole, équivaudrait à une entrée dans une concurrence sans pitié et où il y a fatalement comme victimes nos entreprises et nos industries ? Une guerre où tout est connu d'avance, où les vainqueurs et les vaincus sont identifiés d'avance et sans surprise. Même une institution officielle telle que le Sénat avait organisé des conférences pour nous avertir que l'avenir pourrait être des plus sombres, et plus particulièrement en ce qui concerne notre sécurité alimentaire, ceci pour dire qu'il faudrait corriger toutes les trajectoires en la matière. Mais, cela suffit-il pour qu'on puisse atteindre facilement les rives de la sécurité alimentaire par exemple, alors qu'on n'en parle même plus ? Serait-il également possible de compenser la diminution de notre capacité à nous présenter sur le marché international en tant qu'excellents clients par le développement de nos capacités à produire en substitution aux importations, alors que, publiquement, il n'y a pas encore de programmes lancés dans cet objectif , ou plutôt ne sont pas identifiés, publiquement les secteurs pouvant parvenir à atteindre cet objectif ? Ce n'est tout de même pas une fatalité que les clignotants continuent à s'allumer "rouge ". Bien sûr qu'on ne peut pas faire ce que les pays industrialisés ont fait durant des siècles, mais lorsque tous les experts qui font des déclarations n'arrêtent pas de faire des lectures sombres pour l'avenir, comment rassurer les populations ? Nos entreprises, auront-elles vraiment le temps d'apprendre à resserrer leurs coûts, à rogner sur leurs marges pour survivre, à investir dans la recherche et le développement pour améliorer la qualité et les performances des produits, de faire comme les autres entreprises orientées vers le seul profit et qui investissent là où il y a des parts de marché à prendre et où la main- d'œuvre ne coûte pratiquement rien ?