Les effets de la crise financière mondiale ont été tenus en échec en Algérie malgré le recul des prix du baril de pétrole. C'est en ces quelques mots qu'Oxford Business Group qualifie la situation économique qui a prévalu en Algérie durant l'année 2008. Le cabinet de consulting britannique note aussi avec une pointe d'optimisme que l'année qui s'achève a été marquée par une montée des investissements étrangers et une augmentation de l'excédent commercial malgré la morosité de l'économie mondiale. En effet, OBG rappelle, en faisant référence aux données du Centre national des douanes pour l'information et les statistiques, que les recettes d'exportation du pays ont connu au cours des 10 premiers mois de l'année une hausse de 44,69% par rapport à la même période en 2007, avec 68,9 milliards de dollars. Il souligne néanmoins que le secteur de l'énergie continue à constituer l'épine dorsale de l'économie du pays tout au long de l'année, puisque le pétrole et le gaz représentent plus de 97% des ressources du pays. Aussi, le cabinet note qu'un certain nombre de projets ont été conclus au cours de l'année 2008. Le dernier de ces accords est intervenu à la mi-décembre, à l'issue duquel quatre entreprises étrangères - Eni, BG Group, E. ON et Gazprom - se sont vu attribuer des permis d'exploration pétrolière et gazière sur des blocs situés onshore. M. Chakib Khelil, ministre de l'Énergie et des Mines, a décrit l'appel d'offres comme étant important dans la mesure où il s'agit du premier depuis 2005. Dans la foulée, l'Algérie prévoit de lancer un nouvel appel d'offres pour l'attribution de 12 blocs d'exploration l'année prochaine. Par ailleurs, la Sonatrach a signé début juin un accord de partenariat avec l'entreprise espagnole Fertiberia pour la construction d'une unité de production d'ammoniac dans la ville portuaire d'Arzew, moyennant un investissement d'un milliard de dollars. Ce futur complexe, qui devrait être opérationnel en 2010, aura une capacité de production annuelle de 1,1 million de tonnes, et sera alimenté en gaz naturel à hauteur de 1,1 milliard m3/an. OBG estime que la zone industrielle d'Arzew connaît une dynamique nouvelle avec la construction d'un complexe de production d'engrais par Sorfert Algérie, une joint-venture entre la Sonatrach et le groupe égyptien " Orascom Construction Industries". La Sorfert a annoncé au mois d'avril qu'elle avait obtenu 1,45 milliard de dollars d'emprunts obligataires auprès des banques du pays pour financer la construction de l'usine, qui devrait être opérationnelle au deuxième semestre 2010. Par ailleurs, le cabinet britannique considère que l'Algérie attire toujours les capitaux étrangers, et rappelle que, selon un rapport publié par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements au début du mois de décembre , l'Algérie a drainé 6 milliards de dollars d'investissements directs en 2008. Les secteurs les plus attractifs sont le secteur bancaire et celui de la construction. L'inflation a, quant à elle, été maîtrisée tout au long de l'année, avec un taux atteignant les 4,2% à la fin du mois d'octobre, à peine plus que les 3,4% enregistrés au premier semestre de l'année, selon les chiffres publiés par l'Office national des statistiques en novembre. Selon OBG, l'Algérie devrait clôturer l'année avec un nouveau record d'excédent commercial, en raison d'une croissance des exportations de produits énergétiques. L'excédent commercial du pays a atteint 39.77 milliards de dollars pour la période allant de janvier à octobre, après avoir atteint 26 milliards de dollars au cours des 10 premiers mois de l'année précédente. Les exportations ont totalisé 70.55 milliards de dollars, tandis que les importations s'élèvent à 30.77 milliards de dollars, selon les statistiques douanières. Pour ce qui est des effets de la crise, OBG rappelle les propos du Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, qui a estimé que le système économique et financier de l'Algérie était protégé contre les pires dégâts de la crise, en partie parce que le marché boursier du pays n'est pas "pleinement intégré aux marchés financiers mondiaux". Pour sa part, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi a fait savoir que l'Etat n'envisageait pas de remettre en cause les projets de développement publics avancés, et que le gouvernement mettrait en place les mesures nécessaires afin d'absorber les effets du ralentissement mondial à court terme. Le ministre des Finances répondait au chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) en Algérie, M. Joël Toujas-Bernaté, qui a mis en garde contre le manque de flexibilité et de diversité économique du pays ainsi que sa dépendance à l'égard des exportations d'énergie, qui pourrait se traduire par une baisse des investissements de l'Etat. Selon le ministre des Finances, des mesures ont été incluses dans le projet de loi des Finances pour 2009, adopté en octobre. Le gouvernement entend promouvoir l'emploi et l'aide sociale, et injecter des liquidités dans l'économie. Il a également annoncé une augmentation des dépenses de l'Etat de 6,3%, à hauteur de 75 milliards de dollars. Par ailleurs, des responsables ont indiqué que des dépenses supplémentaires seraient destinées à terminer les grands projets d'infrastructures, à soutenir les subventions de certaines denrées de base et à augmenter les salaires de la Fonction publique. Selon OBG, d'autres facteurs devraient permettre à l'Algérie de faire face à tout ralentissement de l'activité économique mondiale : d'importantes réserves de change, qui s'élevaient à environ 133 milliards de dollars en octobre, et les efforts engagés par le gouvernement pour réduire sa dette, qui était de 600 millions de dollars à la fin août, selon les chiffres du ministère des Finances.