Comment le roman algérien a-t-il évolué ? C'était à cette question qu'a tenté de répondre Amina Belaâli, enseignante de critique littéraire à l'université de Tizi-Ouzou, invitée au même titre qu'une kyrielle d'artistes de tout bord à participer à la semaine culturelle algérienne au Caire. " L'évolution du roman algérien" est le titre de la conférence qu'a animée la critique au siège du Haut conseil de la culture au Caire, aux cotés du DG de l'ONDA (office national des droits d'auteurs) Hakim Taousser. Selon elle, le premier roman de l'histoire remonte au II ème siècle de notre ère avec la parution de "L'âne d'or " d'Apulée (125-170), un auteur qui est né à Maduare dans l'actuelle Constantine, qui a beaucoup voyagé, notamment à Carthage et à Athénes pour s'instruire. Appelé aussi " Métamorphoses", " L'Âne d'or " qui est écrit en onze livres, est le récit, fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui, s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Outre l'existence de deux écritures romanesques en français et en arabe, la conférencière précisera que le roman algérien "se caractérise par la richesse de ses orientations." Du fait des colonisations répétées, la littérature algérienne a été peu florissante d'autant qu'il n'était pas toujours facile à un autochtone d'accéder au banc des écoles, ce qui a généré une large littérature orale pendant la colonisation française et bien avant. Pour Belaâli, la renaissance du roman algérien a coïncidé avec l'émergence d'une génération d'écrivains d'expression française de talent qui ont réussi à pondre des oeuvres de haute qualité, telles que " La grande maison " de Mohamed Dib, " La colline oubliée " de Mouloud Mammeri, " Le fils du pauvre " de Mouloud Feraoun et " Nedjma " de Kateb Yacine. Cette liste restrictive à laquelle on peut rajouter les Amrouche et surtout, Fadhma Ait Mansour, l'une des première écrivaines algériennes d'expression française qui a signé une succulente autobiographie dans les années 60 qui s'appelle "Histoire de ma vie", témoigne de l'engagement des écrivains pour les libertés à une époque où plus de 90% des autochtones étaient analphabètes. Selon toujours la conférencière, "ces romans, qui évoquent avec force la souffrance du peuple algérien sous l'occupation française, ont obtenu la reconnaissance d'éminents écrivains et critiques littéraires égyptiens, à l'instar de Taha Hussein, qui ont souligné que " ces oeuvres avaient une âme algérienne bien qu'écrites en langue française ", a rappelé l'universitaire. Belaâli a révélé que la "troisième étape” correspond à l'apparition du roman d'expression arabe, dans le sillage de la guerre de libération, à travers des écrivains comme Abdelhamid Benheddouga, Mohamed Araar, Mohamed Meflah et Tahar Ouettar, dont les oeuvres mettaient en relief la souffrance et les sacrifices du peuple algérien pendant la guerre de libération. Dans le début des années 1970, l'écriture romanesque qui chantait les hauts faits de la révolution a commencé à verser dans l'interprétation en présentant une relecture de cette révolution, d'où un passage du souci historique à l'orientation idéologique, avec des éclairage sur les problèmes vécus par le citoyen algérien lors de la période post-indépendance. Les précurseurs de cette nouvelle orientation romanesque appelée " le roman réal-socialiste " ou " real-critique", formaient une nouvelle génération d'écrivains dont Merzak Bagtache, Waciny Laâradj, El Habib Essayeh et Djilali Khellas. Lors de cette phase, a expliqué la conférencière, les écrivains algériens ont créé, en puisant dans le patrimoine, une nouvelle écriture qui a marqué plusieurs oeuvres littéraires dont, " El Djazia oua Eddarawich " et " El Haouat oua el kasr " de Tahar Ouettar. Du coté du roman d'expression française et toujours dans les années 70, il y a eu également d'autres auteurs connus à l'image de Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni. Selon toujours la conférence " la décennie noire " a donné lieu au traitement, par les romanciers, du thème de la violence en analysant ses effets psychologiques, sociaux et économiques. Parmi cette nouvelle génération d'écrivains on peut citer, Habib Ayoub, Mustapha Benfodhil, Maissa Bey etc…Des écrivains d'après guerre dont le ton est plus cru et plus réaliste. Comme la littérature est une création artistique et intellectuelle, le directeur général de l'Office national des droits d'auteurs et droits voisins (ONDA), Hakim Taoussar, a de son coté évoqué, l'aspect juridique de cette "propriété". Le conférencier rappellera à l'occasion que premier " texte de loi définissant les droits d'auteur en Algérie a été adopté en 1973" indiquant que ce dernier a pris en considération les spécificités culturelles algériennes et s'est limité aux Droits d'auteurs seulement. "Cette loi a été révisée en 1997, par l'introduction de nouvelles dispositions concernant la propriété intellectuelle et littéraire, en particulier la consécration des droits voisins (les droits de chanteurs, de producteurs et de la radio), ainsi que la prorogation de la durée de la protection de l'oeuvre de 25 ans après le décès de l'auteur, à 50 ans. " a -il ajouté. S'agissant des besoins de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'ONDA a adapté ses textes juridiques et ses structures organiques conformément à la législation régissant les droits de propriétés intellectuelles liés au commerce mondial.Il a en outre, donné un aperçu sur les activités de l'ONDA en chiffres concernant la protection des oeuvres et de la gestion des droits, en plus des prestations supplémentaires, notamment la mise en place des commissions spécialisées durant les années 90 chargées de préserver le patrimoine. Rebouh H