«L'évolution du roman algérien» a constitué le thème de la conférence animée, jeudi, au siège du Haut Conseil de la culture au Caire. Cette rencontre a été animée par Mme Amina Belaâli, enseignante de critique littéraire contemporaine à l'université de Tizi Ouzou, dans le cadre de la «Semaine de la culture algérienne au Caire». La conférencière a mis en avant les spécificités du roman algérien qui se caractérise par la richesse de ses orientations, outre l'existence de deux écritures romanesques: en arabe et en français. Le premier roman de l'histoire, en l'occurrence L'âne d'or fût écrit en Algérie au IIe siècle, a indiqué Mme Belaâli pour qui la renaissance du roman algérien a coïncidé avec l'émergence d'une génération d'écrivains d'expression française de talent, qui ont réussi à pondre des oeuvres de haute facture telles que La Grande Maison de Mohamed Dib, La Colline oubliée de Mouloud Mammeri, Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun et Nedjma de Kateb Yacine. Ces romans, qui évoquent avec force la souffrance du peuple algérien sous l'occupation française, ont obtenu la reconnaissance d'éminents écrivains et critiques littéraires égyptiens, à l'instar de Taha Hussein, qui ont souligné que «ces oeuvres avaient une âme algérienne bien qu'écrites en langue française», a rappelé l'universitaire. La troisième étape correspond à l'apparition du roman d'expression arabe dans le sillage de la guerre de Libération, à travers des écrivains de renom à l'image de Abdelhamid Benheddouga, Mohamed Araâr, Mohamed Meflah et Tahar Ouettar dont les oeuvres mettaient en relief la souffrance et les sacrifices du peuple algérien pendant la guerre de Libération, a précisé Mme Belaâli. Dans le début des années 70, l'écriture romanesque qui chantait les hauts faits de la Révolution a commencé à verser dans l'interprétation, en présentant une relecture de cette révolution, d'où un passage du souci historique à l'orientation idéologique, avec des éclairages sur les problèmes vécus par le citoyen algérien lors de la période postindépendance. Les précurseurs de cette nouvelle orientation romanesque appelée «le roman real-socialiste» ou «real-critique» formaient une nouvelle génération d'écrivains dont Merzak Bagtache, Waciny Laâradj, El Habib Essayeh et Djilali Khellas. Lors de cette phase, a expliqué la conférencière, les écrivains algériens ont créé, en puisant dans le patrimoine, une nouvelle écriture qui a marqué plusieurs oeuvres littéraires dont El Djazia oua Eddarawich et El Haouat oua el kasr de Tahar Ouettar. Par ailleurs, Mme Belaâli a indiqué que le roman algérien a accompagné la succession des différentes phases historiques du pays, en ajoutant, à juste titre, que «la tragédie nationale» a donné lieu au traitement, par les romanciers, du thème de la violence en analysant ses effets psychologiques, sociaux et économiques. Par ailleurs, le directeur général de l'Office national des droits d'auteurs et droits voisins (Onda), M.Hakim Taoussar, a évoqué dans le cadre de la manifestation culturelle algérienne qui se déroule en Egypte, les progrès réalisés dans ce domaine en Algérie. Le premier texte de loi définissant les droits d'auteurs en Algérie a été adopté en 1973, a souligné M.Taoussar, indiquant que ce dernier a pris en considération les spécificités culturelles algériennes et s'est limité aux droits d'auteurs seulement. Cette loi a été révisée en 1997 par l'introduction de nouvelles dispositions concernant la propriété intellectuelle et littéraire, en particulier la consécration des droits voisins (les droits de chanteurs, des producteurs et de la Radio) ainsi que la prorogation de la durée de la protection de l'oeuvre de 25 ans après le décès de l'auteur à 50 ans. En outre, pour les besoins de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Onda a adapté ses textes juridiques et ses structures organiques conformément à la législation régissant les droits de propriété intellectuelle liés au commerce mondial. Il a, en outre, donné un aperçu sur les activités de l'Onda en chiffres, concernant la protection des oeuvres et de la gestion des droits en plus des prestations supplémentaires, notamment la mise en place des commissions spécialisées durant les années 90 chargées de préserver le patrimoine. M.Taoussar a saisi cette occasion pour donner un aperçu sur les activités de son établissement visant à encourager les créateurs, notamment le financement de certaines oeuvres cinématographiques et pièces théâtrales, outre les expositions d'arts plastiques. Ainsi que le parrainage de certains prix consacrés aux romans, citant à titre d'exemple les prix Malek Haddad et Moufdi Zakaria ainsi que les prix Rabah Salim et Ahmed Asselah consacrés aux arts plastiques. Il a, par ailleurs, souligné la participation de l'Onda à la protection sociale des artistes et des créateurs, à travers le versement de 10% de ses revenus au fonds social d'assistance aux artistes. La coopération algéro-égyptienne dans ce domaine a été également soulevée par M.Taoussar qui a évoqué la convention signée entre l'Onda et l'entreprise égyptienne des oeuvres musicales en 1987, appelée «Convention de représentation mutuelle».