L'accident de l'autorail qui a fait, lundi à Relizane, un mort et un blessé grave relance la question de la sécurité sur les passages à niveau, devenus une hantise pour les automobilistes dont certains ont du mal à apprécier la vitesse de ces bolides. Selon le chef de gare de Relizane, un manque de vigilance de la part du conducteur du véhicule léger qui a été percuté de plein fouet par l'autorail serait la raison de l'accident d'autant plus, a-t-il dit, que les plaques de signalisation sont évidentes sur ce passage à niveau non gardé. Ce genre d'accidents, a-t-il ajouté, se produisent généralement faute de bonne appréciation par les usagers de la vitesse des trains (vitesse de croisière pouvant ateindre 160 km/h) de la distance qui les sépare du point de passage. La réduction de la vitesse des trains sur les passages à niveau non gardés demeure, pour le moment, la seule mesure prise par la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) pour prévenir les accidents, a indiqué le directeur régional ferroviaire (DRF) Est de cette entreprise. "De même, que seules la sensibilisation et l'intransigeance des services habilités à faire respecter les mesures de sécurité routière et ferroviaire sont à même d'endiguer efficacement un autre phénomène "rampant", en l'occurrence celui des passages à niveau clandestins", a ajouté Zahou Eddine Mehdaoui. Il serait souhaitable, selon ce même responsable, que les pouvoirs publics se penchent sur cette question et prennent des dispositions à même de lutter contre ce phénomène qui constitue un danger mortel quasi permanent pour les citoyens qui traversent à pied ou en voiture ce genre de passages.Le directeur régional ferroviaire a cité dans ce contexte un récent recensement faisant état de l'existence de plus de 120 passages dits clandestins sur l'axe ferroviaire reliant Ramdane Djamel, dans la wilaya de Skikda, à Bordj Bou-Arreridj via Constantine, contre seulement 32 passages à niveau gardés, ceux dits "non protégés" étant inexistants sur tout l'axe relevant de la direction régionale ferroviaire "Est", a-t-il précisé. Pour illustrer "l'ampleur de l'inconscience des riverains de la voie ferrée", le même responsable a avancé le nombre de 85 passages clandestins sur le seul axe Annaba-Azzaba, un chiffre qui tend, selon lui, à "se multiplier au fil des jours". Les riverains n'hésitent guère à aménager ces passages sur les rails pour permettre à leurs véhicules de traverser la voie ferrée en faisant fi des dangers qu'ils encourent pour leur vie, a-t-il expliqué. Actuellement, les responsables de la SNTF envisagent de réduire le nombre de ces passages en "légitimant" certains d'entre eux et en les dotant de systèmes de protection et de signalisation sur la base d'une étude rationnelle préétablie, a révélé M. Mehdaoui, ajoutant que le reste des passages dits clandestins est donc appelé à disparaître afin de préserver des vies humaines. Aux yeux de la direction régionale de la SNTF à Oran, les passages à niveau de la voie ferrée constituent une préoccupation majeure, tant pour ses usagers que pour les pouvoirs publics. Selon la même direction, quelque 476 passages à niveau non gardés et 64 gardés ont été recensés à travers les différentes lignes ferroviaires de la région ouest du pays. Il existe 27 passages gardés et 59 non gardés le long de la ligne reliant Alger et Oran, précisément à Oued Sly (Chlef) et 21 autres gardés et 90 non gardés sur la ligne reliant Oued Tlélat aux régions frontalières ouest. La même direction a recensé trois passages à niveau gardés et 51 non gardés sur la ligne reliant Oran et Béni Saf, ainsi que cinq gardés et 54 non gardés sur la ligne assurant la liaison entre Mohamadia et Béchar. Pour ce qui est de la ligne desservant Akid Abbas et Ghazaouet, aucun de ces 16 passages à niveau n'est gardé. Evoquant les raisons de l'inexistence de protection aux passages à niveau, un responsable de la direction régionale de la SNTF a indiqué que la plupart de ces passages sont implantés dans des terres agricoles, tel est le cas de la ligne reliant Oran et Béni Saf où le trafic routier n'est pas dense. Les données relatives à ces accidents ont démontré que la responsabilité incombe aux victimes pour non respect du code de la route du moment que le train, ajoute-t-on, a la priorité de passer au niveau des passages à niveau, d'autant plus que son passage est précédé par une sirène et avec une diminution de la vitesse. 2.746 tués et 40.871 blessés ont été déplorés dans 25.856 accidents de la route à travers le territoire national durant la période allant de janvier au 21 août derniers, selon le directeur du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), Hadj Boutalbi, dont une proportion d'accidentés déplorée sur les passages à niveau. R.T