L'avant-première du premier film, Morituri, réalisé dans le cadre d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007” a été organisée, mercredi dernier, à la salle Algeria en présence d'un monde fou. C'est vrai que le tournage de ce film financé entre autres par le ministère de la Culture avec le soutien de l'ENTV, la boite Wallworks et le Centre national de la cinématographie, (CNC) a été lancé en 2004, mais sa sortie en 2007 intervient avec l'événement culturel, d'“Alger, capitale de la culture arabe”, qui a financé, également, en partie, le film. L'œuvre qui est une adaptation du roman éponyme de Yasmina Khadra, est signé, Okacha Touita, un mordu de l'histoire récente de l'Algérie. Le récit de Yasmina Khadra a inauguré sa trilogie du polar, avec par la suite, Double Blanc et L'automne des chimères. Le scénario a été concocté avec, notamment, le réalisateur et l'écrivain. Tout le poids des événements est porté comme dans le roman par un personnage principal, le commissaire Llob. Un personnage qui s'inscrit en faux avec les flics de service, et les policiers “ bouffeurs de râteliers”. Le commissaire Llob est donc un être intègre, souvent désabusé, mais jamais dépité de lassitude. Tenace, courageux, il tient tête seul contre tous, seul contre les vautours des bureaux pimpants et ceux des cocons forestiers. C'est un héros hors pair….c'est un homme qui ne se vend pas. Il a de la dignité et de la bravoure. Okacha Touita a confié, ce premier rôle, à son comédien fétiche, Mouloud Khetib. Un comédien imperturbable, entêté quand il s'agit de l'être sur écran. Les événements de Morituri se situent pendant la décennie 1990, au moment où les Algériens étaient dans la confusion la plus totale suite aux attentats meurtriers et aux violences de tout genre. Autour du commissaire Llob, gravite sa femme, Mina et son fidèle lieutenant Lino. Dans une Algérie qui vole presque en éclats, Llob, s'accroche de toute sa conscience à sa droiture et intégrité. Dans le film, le commissaire se voit confier une enquête sur la disparition de la fille d'un homme politique dont l'influence et le pouvoir restent totaux. Llob est en plein dans les sphères les plus louches et les plus dangereuses. Le film n'est pas mené avec cette fluidité des films policiers, pourtant c'en est un. Il est vrai que Morituri rappelle un peu cette ambiance apocalyptique dans laquelle était baignée l'Algérie des années 90, mais le récit manque terriblement d'aération. L'on se perd presque dans les dédales des noms, des personnages qui tombent comme des cheveux sur la soupe, débitant des paroles d'une morale connue de tous, ou presque. Pas de moment fort non plus dans ce film qui trouble quelque peu par des images d'archives de la bombe du boulevard Amirouche. C'est certes comme le roman, une œuvre noire, qui n'a pas d'issue, où tout est imbriqué, tout est scellé, tout est désespérant, même le soleil du matin. La preuve, c'est que l'un des rares hommes à vouloir rester intègre et lucide, (le commissaire Llob) l'a payé de sa vie. D'un côté son livre lui coûtera sa carrière puisque mis en retraite anticipée, et son intégrité lui coûtera la vie. Morituri sera vu par le grand public algérien le 22 février prochain, et par le public français le 27 avril.