Barack Obama s'attaque à deux grands défis en matière de politique étrangère: le nouveau président américain s'est engagé à adopter une nouvelle ligne en Afghanistan et à promouvoir la paix au Proche-Orient. Il a nommé deux diplomates chevronnés, anciens médiateurs d'accords de paix, sur ces dossiers: Richard Holbrooke pour l'Afghanistan et le Pakistan, et George Mitchell pour le conflit israélo-palestinien. Barack Obama a visité le département d'Etat jeudi pour souligner l'importance qu'il accorde à la diplomatie, pas seulement pour tenter de régler le problème israélo-palestinien mais aussi pour défendre les Etats-Unis contre les menaces terroristes. Il a pris ses distances avec son prédécesseur George W. Bush en déclarant qu'une nouvelle approche était nécessaire. "Nous devons reconnaître que la force de l'Amérique ne vient pas seulement de la puissance de nos armes ou de l'ampleur de notre richesse, mais aussi de nos valeurs", a-t-il affirmé. Le nouveau commandant en chef a assuré qu'il n'y aurait pas de paix durable en Afghanistan si les Afghans et leurs voisins du Pakistan, où Al-Qaïda et d'autres groupes extrémistes ont trouvé refuge, ne peuvent bénéficier de "sphères d'opportunité" élargies. "C'est véritablement un défi international de la plus haute importance", a-t-il souligné. M. Obama a nommé l'ancien ambassadeur à l'ONU Richard Holbrooke, architecte des accords de Dayton qui avaient mis fin à la guerre en Bosnie (1992-95), coordinateur spécial de la politique américaine sur l'Afghanistan et le Pakistan. Lors d'une apparition au département d'Etat au côté de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, M. Holbrooke a indiqué qu'il travaillerait sur le dossier afghan en concertation avec des chefs de l'armée, dont le général David Petraeus, en charge des opérations de combat dans le pays, et l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major des armées. M. Obama a précisé que son administration a entamé un "examen soigneux" de la politique américaine en Afghanistan et au Pakistan et que la région va redevenir une priorité de Washington. Une manière de rappeler que le retrait futur d'Irak permettra de renforcer le contingent américain en Afghanistan. Sur le Proche-Orient, M. Obama est apparu plus en phase avec la ligne de son prédécesseur. Il soutient le droit d'Israël à se défendre, dénonce les tirs de roquettes du Hamas contre son territoire, déplore les "souffrances importantes" et les morts de civils dans la bande de Gaza et prône un effort international pour renforcer le fragile cessez-le-feu instauré dimanche dernier par Israël et le Hamas. "Une paix durable nécessite plus qu'un long cessez-le-feu", a déclaré M. Obama, qui a affirmé sa volonté de soutenir une solution à "deux Etats vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité", en référence à la création d'un Etat palestinien. Il a précisé que George Mitchell, ancien chef de la majorité démocrate au Sénat et l'un des artisans de l'accord de paix dit "du Vendredi Saint" en Irlande du Nord, serait son envoyé spécial au Proche-Orient. Il portera l'engagement américain à renforcer la trêve à Gaza et à "aider Israël à conclure un accord de paix plus large avec le monde arabe qui reconnaisse sa juste place dans le concert des nations", a précisé M. Obama. Le président américain a également souligné l'importance de l'aide humanitaire internationale à Gaza. "Les opérations humanitaires doivent pouvoir atteindre les Palestiniens qui en dépendent", a-t-il affirmé. Il a également exprimé le soutien des Etats-Unis à une prochaine conférence des donateurs en faveur d'une aide humanitaire et à la reconstruction de l'économie palestinienne. Cette aide sera confiée à l'Autorité palestinienne, selon M. Obama, qui n'a pas cité le Hamas comme possible récipiendaire. Pour Oussama Hamdan, un porte-parole du Hamas basé à Beyrouth, il n'y a rien voir de nouveau dans les déclarations du président américain sur le Proche-Orient. "Obama est toujours sur la même ligne que les dirigeants précédents et commettra les mêmes erreurs que Bush qui ont enflammé la région", a-t-il affirmé à la chaîne de télévision Al-Jazira.