Tous les sondages qui lui sont consacrés, mais aussi tous les observateurs et analystes l'affirment : le président américain Barack Obama a passé avec succès le cap des cent jours à la Maison-Blanche, qu'il fête aujourd'hui. Non seulement il est salué par ses compatriotes qui le gratifient d'une appréciation positive sans précédent depuis vingt ans, pour avoir respecté globalement ses promesses électorales, mais des spécialistes de renom se disent impressionnés par l'étendue de son agenda diplomatique et par les initiatives et les chantiers nombreux qu'il a ouverts en un temps record. Chacun reconnaît, en tout cas, qu'en un minimum de temps, Obama a littéralement éclaté la politique des deux mandats de Bush et a réhabilité progressivement l'image ternie de l'Amérique à travers le monde. Tout en tentant de sortir son pays de la pire crise économique qu'il ait connue depuis la grande dépression des années trente, Obama a ouvert simultanément de nombreux dossiers. De Cuba à l'Iran, du conflit israélo-palestinien à l'Afghanistan, en passant par l'Europe et la Russie, la nouvelle Administration de la Maison-Blanche est sur tous les fronts. Barack Obama a marqué son entrée en fonction, le 20 janvier dernier, par deux initiatives hautement symboliques et annonciatrices d'une politique et d'un style nouveaux, à même de réconcilier l'Amérique avec son propre statut et avec le monde. Il a, en effet, réservé son premier acte d'autorité à la fermeture, sous un an, de la très controversée prison de Guantanamo et à la dénonciation des interrogatoires musclés qui s'y pratiquaient, et son premier coup de téléphone à l'étranger, en qualité de président des Etats-Unis, au premier responsable de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. En trois mois, il a fixé un calendrier de retrait des forces armées américaines de l'Irak, d'un commun accord avec les autorités du pays et décidé de l'envoi de milliers de soldats supplémentaires en Afghanistan pour contenir la recrudescence des activités des talibans et d'Al Qaïda, tout en prônant une politique d'accompagnement à même de permettre, à terme, au pays de se gouverner de manière autonome. Il a nommé un envoyé spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan, un émissaire chevronné pour le Proche-Orient et un négociateur sur le nucléaire iranien, pour accompagner les négociateurs européens dans leur mission. Au niveau continental, à l'occasion du sommet des Amériques, Obama a voulu donner des Etats-Unis une image d'humilité et d'ouverture qui a été appréciée. En serrant la main à Hugo Chavez et en ouvrant une brèche dans le blocus imposé à Cuba depuis un demi-siècle, il a passé des messages forts, en rupture complète avec l'attitude fermée et arrogante de son prédécesseur. Quelques jours auparavant, il avait effectué une longue tournée en Europe qu'il a conclue par un séjour en Turquie et une escale impromptue en Irak. Cela a été l'occasion pour lui d'enterrer concrètement l'approche unilatéraliste de Bush, de rassurer ses partenaires européens, d'inviter la Russie à des relations apaisées et de réaffirmer au monde arabo-musulman sa volonté d'œuvrer à l'avènement de la paix au Proche-Orient sur la base de la coexistence de deux Etats palestinien et israélien. Il est sans doute trop tôt pour percevoir des résultats concrets du vaste chantier politique et diplomatique engagé par le président américain et son Administration. Il y a cependant des signes qui ne trompent pas : non seulement ses initiatives sont le plus souvent appréciées à l'étranger, mais elles ne soulèvent pas, pour l'instant, la réprobation des Américains. Aussi ne peut-on que suivre le politologue américain Andrea Hatcher qui voit en Obama “un grand stratège” et pense que “l'éventail de son action excède largement les attentes.” Tout comme l'ancien chef de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, qui a salué dans une contribution au Washington Post l'audace de ce “vaste agenda politique” qui ouvre la voie à une “possibilité de solutions globales sans précédent.” M. A. Boumendil