La production halieutique est en augmentation constante. La consommation mondiale s'est multipliée par six depuis 1950, et elle croît d'environ 2% par an. Dans le domaine de l'aquaculture, les données sont souvent fragmentaires, mais sur le long terme, néanmoins, la tendance ne laisse pas de doute : elle est à la hausse. Dans le même temps, les stocks naturels diminuent. Depuis 15 ans, les crises successives de la morue, de l'anchois, du thon rouge sont autant de symptômes d'une extinction mondiale annoncée... pour demain. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (fao) estime qu'une moitié des stocks halieutiques mondiaux est exploitée à son maximum depuis 30 ans, tandis qu'un autre quart est surexploité, en reconstitution ou bien carrément épuisé. En d'autres termes, le Blue Peak de la pêche mondiale est déjà derrière nous. C'est une nouvelle inquiétante, car la pêche d'espèces sauvages fait vivre une bonne partie des populations les plus précaires du globe. Mais c'est ainsi : les thoniers ultra-modernes ou les pirogues sont dans le même bain et au rythme actuel, selon une étude digne de foi, la totalité des stocks halieutiques en exploitation aujourd'hui auront disparu avant 2050. En attendant, les prises de pêche en 2006 étaient en baisse pour la deuxième année de suite, et en recul de quatre millions de tonnes par rapport à l'année 2000 et ce, malgré le perfectionnement des techniques et l'augmentation des tonnages. Si la production augmente toujours, malgré la diminution des prises, c'est donc à l'aquaculture -- et à elle seule -- qu'on le doit. Le secteur pèse déjà 43% de la production totale (chiffres 2004). Depuis 30 ans, il progresse de 8,8% par an en moyenne, la plus forte croissance de tous les secteurs concernant les productions animales. Et pour cause : les jours du bar "de ligne" à l'étal de votre poissonnier sont probablement comptés : face à une pression démographique toujours plus forte, le seul relais de croissance réside dans l'élevage. Près de 90% du marché est asiatique. Le poisson fait vivre une moitié de la planète : 2,6 milliards d'individus en dépendent pour 20% au moins de leurs apports nutritionnels. Inutile de vous dire que la proportion augmente chez les habitants côtiers, surtout les plus pauvres. La consommation mondiale est de 16,5 kilos par personne et par an : comptez 20 kilos pour l'Europe, 24 kilos pour les Etats-Unis et surtout, 26 kilos pour la Chine. A titre de curiosité, les Algériens en consomment 6 kilos. Un ratio insignifiant comparativement aux autres pays de la Méditerranée. Les Espagnols sont champions en la matière avec un ratio de 43 kilos par habitant et par an. Le marché mondial des produits de la mer confronte une énorme proportion d'artisans desservant les marchés locaux à une poignée de pôles industriels. Il en va de même pour l'aquaculture : les paysans chinois, qui pratiquent l'élevage depuis des millénaires, continuent d'écraser les statistiques mondiales à 160 millions de tonnes, mais et il a probablement été battu depuis.