Le secteur sera doté bientôt d'un navire de recherche pour évaluer périodiquement l'état des ressources halieutiques nationales. Le secteur national de la pêche, qui a été élevé au rang de département ministériel depuis 1999 seulement, après celui du statut de secrétariat d'Etat, s'est vite lancé dans une recherche appliquée en vue de son développement. Un développement qui passe inévitablement, scientifiquement prouvé à l'échelle mondiale en raison du réchauffement climatique, par celui de l'aquaculture pour répondre aux besoins du marché mondial en pleine expansion au détriment d'exploitation “soutenable” du secteur des ressources halieutiques. Il y a lieu de signaler que le marché mondial du poisson a connu une croissance exponentielle de la demande en raison de l'accroissement de la population mondiale, mais aussi par celle des économies des pays émergents tels que la Chine et l'Inde. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La demande mondiale est passée “de 39,2 millions de tonnes métriques en 1961 à plus de 130 millions de tonnes dans les années 2000”. Malgré, encore une fois, les limites de l'exploitation d'un tel domaine, soutenu tout de même par le développement de l'aquaculture à un rythme moyen mondial de l'ordre de 9% depuis les années 1970, afin de répondre à l'approvisionnement de la population, en tenant compte de la problématique de la protection des ressources halieutiques qui se pose avec acuité dans le monde par le réchauffement climatique et la dégradation de l'environnement naturel. L'apport mondial dans le marché du poisson, aujourd'hui, par l'aquaculture, est de l'ordre de 32%. Dans ce “climat” mondial, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, M. Smaïl Mimoune, a mis en œuvre une nouvelle politique de développement du secteur en engageant des recherches appliquées dans le domaine en basant son schéma directeur de développement dudit secteur à l'horizon 2025 sur les données de la connaissance scientifique des ressources naturelles. La pêche maritime en Algérie, dont les capacités de production sont de 220 000 t/an, se fait sur un plateau très étroit et souvent très accidenté. C'est un plateau continental où s'exerce la pêche aux chaluts pour la capture d'espèces démersales (poisson blanc) céphalopodes et crustacés. Sur 1,6 ha du plateau du pays, seul 1/3 est chalutable. La Méditerranée est une mer oligothrope. Ce qui fait que le potentiel d'exploitation nationale, 187 000/220 000 t/an, c'est du poisson pélagique (sardines, allaches et saurels). Autrement dit, les ressources halieutiques, issues de la pêche, restent limitées. Dans ce contexte halieutique, le ministre de la Pêche a mené deux campagnes de prospection en mer, en 2003 et 2004, dans le cadre de la coopération algéro-espagnole, pour “évaluer l'étendue des ressources halieutiques disponibles, estimer leur biomasse et abondance mais, également, cartographier les principales zones de pêche”. Des campagnes qui ont permis d'évaluer le potentiel maritime national avec seulement 20% de ses ressources en démersales (rouget, merlu, crevette et sépia). Pour pallier ces limites contraignantes de la pêche maritime, le secteur a orienté sa politique de développement sur l'axe de développement des activités d'aquaculture. C'est ainsi qu'il a engagé un bureau d'étude allemand, de 2003 à 2004, pour cartographier et classer des sites favorables à l'aquacole par leur identification par ce bureau. “Les potentialités aquacoles nationales, identifiées par cette étude, à travers cinq ensembles biogéographiques, sont représentées par 286 sites propices pour le développement des différentes filières aquacoles”, a déclaré le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, lors de sa dernière visite dans la wilaya de Béjaïa. Dans un autre domaine, signale-t-il encore, son secteur a accentué la recherche appliquée pour le suivi du niveau d'exploitation halieutique et aquacole pour un meilleur essor. En sus du renforcement de la recherche dans ce domaine, par les travaux des neuf projets, par le Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA), avec ses deux unités de recherche et ses cinq annexes régionales, le secteur est doté d'un navire de recherche pour “évaluer périodiquement l'état des ressources halieutiques nationales”. Parallèlement, l'aquaculture est renforcée par la réalisation d'une série de structures aquacoles pilotes “ayant pour vocation la vulgarisation et la démonstration des différentes techniques et technologie des activités de l'aquaculture”. Le farming (élevage de thon), la conchyliculture (élevage de moules et d'huîtres) et la pisciculture (élevage de loups et de daurades) sont des structures-pilotes engagées depuis 2006. À ce sujet, le ministre signale qu'au niveau du domaine de la pisciculture les résultats sont encourageants et que la commercialisation de la daurade sur le marché aura lieu à Tizi Ouzou en mars 2009. Il y a lieu de signaler, selon le ministre, que sur les 286 sites, recensés comme propices à l'aquaculture, 20 sont dénombrés dans la wilaya de Béjaïa. Pour le département de Smaïl Mimoune, le développement de son secteur est subordonné à celui de l'aquaculture d'où les efforts déployés par le gouvernement dans ce domaine particulier. Son département a mis en place, également, un système de surveillance des navires de pêche par satellite, comme il a défini les cartes sectorielles pour les recherches sur les stocks halieutiques. En somme, un projet de balises en mer pour suivre les problèmes de pollution de la mer a été signé avec les Coréens. L. Oubira