La problématique des réserves de change de l'Algérie continue de susciter un brûlant débat au moment où la crise financière secoue l'Amérique, où une partie de ces réserves est investie. Le débat reste donc, actualité, d'autant que l'essentiel de l'argumentaire des autorités face à la crise reste précisément axé sur des éléments puisés de la gestion de nos ressources en devises et de ses avantages en termes de sécurité financière. De leurs côté, ceux qui critiquent le traitement actuel des avoirs extérieurs campent toujours sur leur position, estimant que l'option choisie par la Banque d'Algérie n'est pas tout à fait économiquement rentable ni financièrement optimale, limitée qu'elle est à des placements en bons du Trésor américain ou en valeurs d'Etat similaires auprès d'institutions financières européennes. Mais au-delà de ces différentes visions, le docteur Abderrahmane Mebtoul pointe du doigt l'incohérence du discours officiel. Dans une récente contribution, M. Mebtoul parle de cacophonie entre la Banque d'Algérie et le ministère des Finances au sujet du placement de nos réserves de change. Selon M. Mebtoul, le ministre des Finances a déclaré, dans une interview à un quotidien national en marge de la réunion du dernier conseil économique et social (09 novembre 2008), que le montant placé à l'étranger est de 135 milliards de dollars, soit plus de 90% de nos réserves de change. Or, ajoute l'expert, la Banque d'Algérie vient de déclarer dans un autre quotidien national, le 03 décembre 2008, que ce ne sont pas 90% de nos réserves de change qui sont placées à l'étranger mais un peu plus de 50%, c'est-à-dire 43 milliards de dollars en bons du Trésor américain et un peu plus de 30 milliards de dollars dans d'autres banques centrales. Cet écart relevé entre les chiffres du ministère des Finances et ceux de la Banque d'Algérie, fait dire à M. Mebtoul qu'il existe actuellement une véritable cacophonie et un manque flagrant de transparence qui peut être facteur de démobilisation de la population. D'autant que, pour l'expert, l'importance de connaître l'utilisation des réserves de change pose un problème de sécurité nationale dans la mesure où avec la crise économique mondiale qui durera au minimum deux années (2009/2010) se répercutera sur le cours du pétrole, dont la valeur constitue 98% de nos recettes en devises, contribuant ainsi à plus de 80% au taux de croissance. Par ailleurs, M. Mebtoul se dit sceptique quant aux déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie, qui affirment que le rendement de ces réserves est de l'ordre de plus de 4%, ramenant presque 5 milliards de dollars d'intérêts. En effet, M. Mebtoul estime la chose impossible dès lors que les taux intérêts ne peuvent être supérieurs au taux d'intérêt directeur des Banques centrales inférieur à 2% pour les USA, 3% en Europe et presque nul au Japon (0,5% ramené à 0,3% depuis fin novembre 2008). Aussi, conclut-il, il y a contradiction ou alors placement dans des banques d'investissements spéculatifs dont la majorité a fait faillite, qui donnaient avant la crise effectivement des taux d'intérêts supérieurs. Pour l'expert, il n y a qu'une seule certitude, une grande partie de nos réserves de change n'est pas disponible immédiatement, et une question centrale : Combien, dans quelles banques et dans quel pays sont entreposées les réserves de changes du pays ?