La Russie a officiellement reçu une invitation pour la prochaine réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) programmée à Vienne pour le 15 mars, a annoncé jeudi à Séoul le vice-premier ministre russe M. Igor Setchine. "J'ai déjà reçu une invitation du secrétaire général de l'Opep. La coopération avec cette organisation est positive et constructive", a indiqué M.Setchine, en visite en Corée du Sud. Moins d'un mois avant la réunion de l'Organisation à Vienne, les officiels russes multiplient les déclarations louant la coopération entre le Russie et l'Opep et insistant sur la convergence des intérêts des deux parties. "Nous ne sommes pas membres de l'Opep, mais nous jugeons utiles les échanges réguliers d'opinions et d'idées (avec l'organisation) pour que le marché du pétrole soit stable" et pour éviter "des fluctuations dues à des spéculations de certains joueurs sur ce marché", a déclaré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence Itar-Tass. "Dans ce domaine, nos intérêts coïncident et nous allons coordonner nos actions", a-t-il ajouté. Cependant, il n'y a point de référence à une éventuelle adhésion de la Russie à l'Opep. Selon M. Setchine, la Russie, qui souhaite nouer des contacts intenses avec l'Organisation, a fait parvenir à l'organisation en octobre 2008 un projet de mémorandum de coopération. Moscou est surtout intéressé par les pronostics, la situation sur le marché, le problème de la sécurité énergétique et l'accès aux nouvelles technologies, mais estime qu'il serait trop tôt pour adhérer à l'Opep. Si aucune perspective d'adhésion n'existe, le partenariat se centre actuellement sur l'adoption de mesures coordonnées. La Russie qui est le principal pays producteur de pétrole à ne pas appartenir à l'Opep, avait cependant participé en décembre à la réunion de l'Organisation et avait annoncé une baisse de production. Si les tarifs se maintiennent à leur niveau actuel, l'industrie pétrolière russe sera contrainte de réduire les exportations de 16 millions de tonnes en 2009 (320.000 barils par jour), avait noté M. Setchine en décembre dernier. L'Etat pourrait acheter ce surplus de production pour former un fonds de réserve. Cette annonce avait été jugée symbolique par les analystes du secteur. Par ailleurs, pour contribuer aux efforts de l'Opep destinés à faire remonter les cours du pétrole, M. Setchine a indiqué lundi que la Russie envisageait de ne pas mettre sur le marché jusqu'à 16 millions de tonnes de brut en les stockant. A noter que cette quantité que compte stocker Moscou correspond visiblement avec la quantité annoncée en décembre comme réduction. C'est à se demander si ces annonces sont volontaristes ou si elles ne sont en fin de compte que des réductions inévitables. En effet, en fin de semaine dernière le ministre russe de l'Energie, Sergueï Chmatko, avait déclaré que la production de pétrole en Russie pourrait baisser de manière relativement importante d'ici à 2013, faute notamment d'investissements. Le manque d'investissements dans le secteur pétrolier russe sera ainsi supérieur à 200 milliards de roubles (4,5 milliards d'euros) cette année. En ce qui concerne 2008, les autorités russes avaient d'ores et déjà annoncé une baisse de la production d'or noir de 0,7%, à 488 millions de tonnes. Au moment où les producteurs se préparent donc à cette réunion de mars, les prix du brut, malgré les réserves qui ont affiché jeudi une décrue surprise aux Etats-Unis, étaient orientés à la baisse hier en début d'échanges européens. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en avril perdait, à 11h00 GMT, 94 cents à Londres par rapport à la clôture de la veille, à 41,05 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars (dernier jour de cotation) cédait 1,33 dollar à 38,15 dollars. Yacine B.