Les marchés pétroliers affichent une tendance haussière et baissière alternée, affectés par des perspectives sombres de l'économie mondiale. Vendredi dernier, ils se sont repliés, perdant plus de trois dollars, après avoir rebondi et repris cinq dollars, la semaine dernière. Le rapport hebdomadaire du département américain à l'Energie (DoE) était pour beaucoup dans ce mouvement des prix. Il a montré une baisse de 200 000 barils des réserves de brut, qui se sont établies à 350,6 millions de barils au cours de la semaine achevée le 13 février. Le rapport a mis en évidence une stabilisation de la consommation des Américains par rapport à la même période un an plus tôt (-0,1%), et en particulier une hausse de la demande d'essence. L'affaiblissement du dollar avait également participé à soutenir les cours de l'or noir. D'évidence, pareille situation des marchés n'arrange pas les affaires des investisseurs. Ceux-ci ont été pris de court sur leurs positions à découvert. Une bonne nouvelle en perspective cependant : Moscou a annoncé qu'il a opéré une coupe dans ses exportations pétrolières. Si les tarifs se maintiennent à leur niveau actuel, l'industrie pétrolière russe sera contrainte de réduire les exportations de 16 millions de tonnes en 2009 (320 000 barils/jour), avait noté Setchine. Explication : l'Etat russe pourrait acheter ce surplus de production pour former un fonds de réserve. Cette annonce avait été jugée symbolique par les analystes du secteur. Par ailleurs, pour contribuer aux efforts de l'OPEP destinés à faire remonter les cours du pétrole, Setchine a indiqué la semaine dernière que la Russie envisageait de mettre de côté jusqu'à 16 millions de tonnes de brut en les stockant dans l'objectif d'aider l'OPEP à stabiliser les marchés. L'organisation pétrolière, sous direction angolaise aujourd'hui, réagit. Elle a en effet invité la Russie à assister à la prochaine conférence ordinaire prévue le 15 mars à Vienne. Et c'est le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, qui l'a annoncé depuis Séoul où il était en visite de travail. J'ai déjà reçu une invitation du secrétaire général de l'OPEP, a-t-il affirmé, soulignant que la coopération avec les pays OPEP «est positive et constructive». Les officiels russes veulent donner du tonus, de la consistance à cette coopération, dans un contexte économique difficile, changeant. La Fédération de Russie est confrontée à de sérieux problèmes nés de la crise financière actuelle. Elle n'a, par conséquent, pas intérêt à ce que les cours du pétrole flanchent. Déjà, le budget 2009 est déficitaire. Nous ne sommes pas membres de l'OPEP, mais nous jugeons «utiles» les échanges réguliers d'opinions et d'idées avec l'organisation pétrolière pour que le marché du pétrole «soit stable» et pour éviter des «fluctuations» dues à des spéculations de certains joueurs sur ce marché. Ce sont les propos du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence Itar-Tass. Le diplomate russe résume ainsi en partie la stratégie de Moscou. Et il sait de quoi il parle quand il évoque l'OPEP. Nos intérêts «convergent» et nous allons «coordonner» nos actions, a-t-il dit en substance. Cela veut-il dire pour autant que la Russie envisage de devenir un membre à part entière de l'OPEP ? C'est peu probable. Du moins dans l'immédiat. Selon Setchine, la Russie, qui souhaite nouer des contacts intenses avec l'organisation pétrolière, lui a fait parvenir en octobre 2008 un projet de mémorandum de coopération. Moscou est surtout intéressé par les pronostics, la situation sur le marché, le problème de la sécurité énergétique et l'accès aux nouvelles technologies, mais estime qu'il serait «trop tôt pour adhérer à l'OPEP». Si aucune perspective d'adhésion n'existe, le partenariat se centre actuellement sur l'adoption de mesures coordonnées. La Russie avait cependant participé, en décembre dernier, à Oran à la réunion de l'organisation et avait annoncé une baisse de production substantielle. Y. S.