Le Forum Med Invest 2009, organisé par Businessmed, Businesseurope et Al-Iktissad Wal-Aamal Group, avec le soutien du programme Invest in Med (Commission européenne), qui se tient actuellement à Beyrouth, est une occasion pour Anima d'y présenter en exclusivité les premiers résultats de son analyse 2008 des Investissements directs étrangers (IDE) à destination des pays Med. Si cette année a été marquée par une baisse du volume des IDE vers la région (40,6 milliards d'euros contre 61 milliards en 2007), Anima constate que les pays Med, forts d'atouts importants, résistent plutôt bien à la crise économique internationale. En effet, selon les premiers résultats, la région résiste mais n'est pas totalement épargnée : les investissements directs étrangers (IDE) ralentissent, notamment dans les secteurs traditionnellement créateurs d'emplois. La crise financière, transformée en une crise économique, n'a pas autant épargné les grandes et moyennes entreprises -souvent internationalisées, entraînant ainsi une forte hausse du chômage dans les pays industrialisés et une chute de la demande. Les grandes entreprises ont réduit en conséquence le volume de leurs IDE. Selon le dernier rapport de la Cnuced, les IDE mondiaux ont enregistré une forte baisse en 2008 (-22%), et il devraient encore chuter en 2009. Selon l'observatoire Anima des IDE en Méditerranée, la région a attiré 770 nouveaux projets (-7%) en 2008. L'attractivité des pays Med devrait en outre se maintenir en 2009, la Banque mondiale prévoyant une croissance régionale de l'ordre de 3,9%, alors que la croissance globale devrait se limiter à 0,9%. C'est donc plus au niveau du volume global des montants investis que l'impact de la crise se fait d'abord ressentir. Sur le terrain, la diminution des IDE se traduit par une révision à la baisse de nombreux projets, notamment automobiles (remise en cause de la participation de Nissan au projet d'usine automobile de Tanger Med aux côtés de Renault), quand il ne s'agit pas d'annulations pures et simples dans le secteur immobilier (annulation des projets d'Emaar Properties en Algérie, suspension des projets de Damac au Maroc, etc.). Selon les résultats de ce réseau, le secteur de l'énergie a attiré 11,3 milliards d'euros d'IDE en 2008, soit pratiquement le double du montant enregistré en 2006. La Libye et l'Egypte attirent ensemble 3,4 milliards d'euros d'IDE, principalement dans des concessions onshore et offshore. Par ailleurs, le secteur de l'immobilier, longtemps privilégié par les investisseurs du Golfe, recule fortement en 2008, ne représentant plus que 19% du montant total des IDE (soit une division par deux des montants investis : 7,6 milliards d'euros en 2008 contre 15,3 milliards d'euros en 2007). Le secteur bancaire ne représente plus que 9% des IDE, suivi par la distribution avec 8,8% et la chimie avec 7,5%. Avec seulement 76.000 nouveaux emplois directs créés en 2008. Au Maroc, la baisse des exportations dans le textile aurait entraîné la destruction d'environ 50 000 emplois en 2008. Le Maghreb (198 projets d'IDE, soit 20% du stock régional d'IDE) et le Mashrek (266 projets soit 18% du total régional) sont en recul. Le Maghreb se distingue par un renforcement de ses infrastructures portuaires (nouveau terminal conteneur géré par Maersk et PSA à Tanger MWorld ; développement du port en eaux profondes d'Enfidha en Tunisie). L'Egypte devrait voir son taux de croissance divisé par deux en 2009 (à 3,5%), alors que le pays connaît sa première phase de ralentissement économique 2004. L'impact de la crise dans le Golfe a également des conséquences directes en Egypte : en plus de la diminution des investissements dans l'immobilier égyptien, la baisse de l'activité dans les Emirats frappe les travailleurs émigrés, qui transfèrent chaque année plusieurs milliards de dollars vers leurs pays d'origine. Le pays a attiré, néanmoins, 102 projets en 2008, représentant au total de 5 milliards d'euros. A noter, dans les infrastructures, que la gestion et l'expansion du port de Ein Sokhna (Mer Rouge) ont été confiées à DP World pour 1,3 milliard d'USD. Aussi, et contrairement aux deux dernières années, les pays du Golfe sont confrontés à la baisse des prix du pétrole et à la baisse de leurs recettes. Par ricochet, les IDE en provenance de ces pays chutent. Une nouvelle géographie économique se met donc en place, dans laquelle l'Europe joue un rôle plus important. Talonnée ou dépassée par le Golfe ces dernières années, l'Europe retrouve, en 2008, sa place de première région émettrice d'IDE vers les pays Med (41%), alors que les investisseurs du Golfe ne représentent plus que 17% des IDE émis vers la région Med. Hamid Mohandi