En réservant le lancement du programme «Invest in Med», jusqu'à ce jour, la France voulait sans doute inciter les pays de la rive Sud à adhérer au projet de l'UPM. L'Europe veut attirer les capitaux vers les deux rives de la Méditerranée. Un programme intitulé «Invest in Med» sera mis sur rails. Un protocole de coopération du programme sera signé demain à Marseille. D'une valeur financière de 12 millions d'euros, le programme est réparti sur une période de trois ans. Une conférence de deux jours s'est ouverte, ce matin, à l'hôtel de la Région, sis au centre de la ville phocéenne. Une présentation du fonctionnement général du programme «Invest in Med» sera faite au monde du business. Plus de 200 invités de haut niveau, venus des deux rives, sont attendus à cette rencontre. Des officiels, des représentants de différents réseaux d'affaires tels les Agences de promotion des investissements en Méditerranée, les autres membres d'Anima Investment Network, les présidents des CCI des deux rives, Euro chambres et Ascame, les représentants des Confédérations d'entreprises méditerranéennes (Businessmed) ainsi que des «partenaires spéciaux» du consortium, l'Onudi (Organisation onusienne pour le développement industriel), l'Etablissement public d'aménagement Euro-Méditerranée, seront présents. Pour sa part, l'Algérie sera représentée par une délégation conduite par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. Elaboré par la Commission européenne et la présentation assurée par Anima Investment Network, ce programme paraît très ambitieux. Son objectif est de développer l'investissement direct étranger et les flux commerciaux en Méditerranée. Ainsi, constituer des partenariats d'affaires durables entre les deux rives et promouvoir le codéveloppement. Quelque 200 opérations seront organisées entre 2008 et 2011, dont 150 dans les pays bénéficiaires (partenaires sud-méditerranéens de l'Union européenne). Elles comprennent des «événements» de mise en relation (rencontres d'affaires, ateliers, conférences), des opérations d'assistance (missions de soutien et détachements de personnel), des formations (ateliers), des supports documentaires (guides, intelligence économique, études). En outre et afin de maximiser son impact, le programme sélectionnera un certain nombre de niches sectorielles à fort potentiel, ou de domaines transversaux comme le rôle des jeunes entrepreneurs et des femmes des diasporas, de la micro-entreprise, du développement de la franchise, des partenariats public-privé et de financement des PME. Un premier calendrier des opérations est prévu ainsi que celui des secteurs et niches d'activité à cibler en priorité. Par ailleurs, l'initiative de la Commission européenne, qui intervient à quelques jours du Sommet de l'Union pour la Méditerranée, suscite beaucoup d'interrogations. Pourquoi ce programme et maintenant? Que cache Bruxelles? Une chose est sûre, le lancement du programme en ce début juillet est loin d'être un hasard. La France a bien fait ses calculs pour dérouler le tapis au Sommet du 13 juillet de Paris. La France prend, à compter d'aujourd'hui, et pour six mois, la présidence de l'Union européenne. En réservant le lancement du programme «Invest in Med», jusqu'à ce jour, la France voulait, sans doute, inciter les pays de la rive Sud à adhérer au projet de l'UPM. Le président français joue toutes les cartes pour convaincre les pays de la région à approuver son initiative et rejoindre l'Union pour la Méditerranée. Après l'option politique, il tente de multiplier ses actions sur le plan économique. En plus du programme en question, une rencontre intitulée «Med Business Day, l'entreprise moteur de la Méditerranée», se tiendra à Marseille les 3 et 4 juillet prochains. Enfin, l'économie va-t-elle réussir là où la politique a échoué? Attendons pour voir.