Prêt à dépenser des sommes colossales pour mener à bien ses réformes et relancer l'économie, Barack Obama n'entend pas pour autant grever les finances publiques et s'apprête à dévoiler un ambitieux plan censé réduire de moitié en quatre ans le déficit abyssal des Etats-Unis. On connaissait jusque-là Barack Obama comme l'homme des plans de sauvetage de plusieurs centaines de milliards de dollars. A lui seul, le train de mesures destiné à remettre la première économie mondiale à flot, qu'il a promulgué mardi, se monte à 787 milliards de dollars. Le président américain montrera la semaine prochaine une nouvelle facette de sa personnalité en présentant sa solution à l'équation sur laquelle ont séché des générations de réformateurs dans le monde: conjuguer rigueur et réforme. Dans son allocution radiophonique hebdomadaire, samedi, Barack Obama a assuré que tant lui que son administration étaient décidés à faire "tout ce que nous pouvons pour maîtriser des déficits qui explosent, pendant que notre économie se remet". Dès lundi, M. Obama assistera à la Maison Blanche à un "sommet sur la responsabilité budgétaire". Il prononcera mardi son premier grand discours de président aux deux Chambres réunies du Congrès. Jeudi enfin, il dévoilera les grandes lignes de son projet de budget pour 2010. Un haut responsable de l'administration américaine a indiqué samedi que l'objectif immédiat était de parvenir, d'ici quatre ans, à une réduction de moitié du déficit budgétaire des Etats-Unis, qui menace d'atteindre des proportions vertigineuses cette année, en raison de la crise économique. Selon les dernières prévisions du Bureau du budget du Congrès (CBO), le déficit pour 2008-2009 devrait se monter, avant même prise en compte du plan de relance, à 1.200 milliards de dollars, soit 8,3% du produit intérieur brut. Du jamais vu "depuis la Seconde Guerre mondiale", soulignait dimanche le Washington Post. Comment, dans ces conditions, faire des économies? En commençant par réduire les dépenses destinés à la guerre en Irak, a indiqué le haut responsable de l'administration américaine sous couvert d'anonymat. Lors de la campagne présidentielle, le camp Obama avait indiqué que les économies ainsi réalisées pourraient se monter à 90 milliards par an. Mais si l'effort en Irak baisse, celui en Afghanistan augmente, notait dimanche le New York Post: "le montant des économies qui seront réalisées (par le retrait en Irak) reste flou étant donné l'augmentation des dépenses en Afghanistan". Autre idée pour réduire le déficit: augmenter les impôts pour les "Américains les plus riches", toujours selon le haut responsable de l'administration Obama, qui n'a toutefois pas précisé qui entrerait dans cette catégorie. La pilule risque d'être dure à avaler pour les républicains, habitués aux baisses d'impôts de George W. Bush, le prédécesseur de Barack Obama, déjà échaudés par le contenu du plan de relance de l'économie. Certains gouverneurs de l'oppostion ont même menacé dimanche, à l'occasion d'une réunion à Washington avant un dîner à la Maison Blanche, de ne pas utiliser l'argent alloué par ce plan à leur Etat. C'est pourtant de la bouche d'Arnold Schwarzenegger, un républicain, certes modéré, que le président américain a reçu un soutien. Le gouverneur de Californie (ouest) a estimé sur la chaîne ABC que les querelles politiciennes étaient facteur d'"insécurité". "Il est préférable que (les deux parties) se réunissent et disent d'une même voix aux Américains: +voilà comment on va faire+", a-t-il déclaré. R.I