Déjà confrontées à une hausse vertigineuse du déficit public, les réformes voulues par le président Barack Obama sont remises en question par la publication de deux rapports qui prévoient une augmentation de la dette américaine au cours de la décennie à venir. Le bureau du budget de la Maison blanche et celui du Congrès (CBO) publieront mardi des prévisions et des estimations de déficit mises à jour qui devraient fournir une série d'arguments aux adversaires du projet de réforme du système de santé défendu par Barack Obama, dont le coût est évalué à 1.000 milliards de dollars. Pour la plupart, ces chiffres sont déjà connus. Washington a confirmé que son déficit budgétaire pour l'exercice 2009, qui prend fin le 30 septembre, devrait atteindre à 1.580 milliards de dollars, soit 11,2% du PIB américain, au lieu des 1.840 milliards estimés précédemment. Cette prévision tenait compte des milliards de dollars mis de côté pour soutenir le système bancaire américain et qui ne seront finalement pas dépensés. La prévision de déficit cumulé sur dix ans devrait quant à elle être relevée d'environ 2.000 milliards de dollars, à environ 9.000 milliards. La dernière prévision en date tablait sur 7.100 milliards de dollars. "L'un des messages envoyés par ces chiffres est le suivant: la question des déficits à moyen et long termes doit être résolue", commente Chuck Marr, directeur des politiques fiscales du centre de recherche Center on Budget and Policy Priorities. Barack Obama avait promis de réduire d'un quart le déficit américain d'ici la fin de son mandat de quatre ans, notamment en réduisant le coût de la protection sociale. Selon les républicains, sa volonté d'étendre la couverture sociale aux Américains sans assurance-santé et d'accroître la concurrence dans le secteur de l'assurance privée est bien trop coûteuse pour s'accorder avec cette promesse. "La tendance (de la dette) à long terme n'est pas viable", estime Rudolph Penner, ancien directeur du CBO, qui se revendique comme républicain modéré. "Dans un monde parfait, il faudrait faire bien davantage pour maîtriser le coût de la santé et, à mon avis, on ne parlerait pas d'étendre la couverture santé à l'heure qu'il est." Les défis posés par la hausse du déficit public américains sont nombreux. Les élections parlementaires de mi-mandat l'an prochain vont contraindre Barack Obama à montrer qu'il prend au sérieux la question du déficit, afin de tuer dans l'oeuf les critiques qu'elle pourrait susciter. Pour de nombreux économistes, il sera difficile pour le gouvernement de rogner sur les dépenses, ce qui devrait se traduire par une hausse de la fiscalité, notamment pour financer la protection sociale des plus âgés. Ils en concluent que la croissance américaine devrait être affectée. John Taylor, professeur d'économie à l'Université de Stanford, a déclaré vendredi sur Reuters Television que le déficit américain était un danger plus important encore pour le système financier que l'effondrement des prix de l'immobilier. "Si on perd le contrôle, si les taux d'intérêt grimpent parce qu'il y a de la réticence à acheter de la dette, alors l'économie risque de ralentir", a-t-il dit.