L'expert international en économie et président de l'Association algérienne de développement de l'économie de marché (Adem), Abderrahmane Mebtoul, a déclaré que le gouvernement algérien ainsi que de nombreux économistes et citoyens qui vivent en Algérie ne devraient pas prendre à la légère la crise économique mondiale actuelle "qui est structurelle et non conjoncturelle". Effectivement, ces derniers croient que la crise ne concerne pas l'Algérie, que le cours du pétrole allait remonter, que la crise allait attirer les investissements étrangers, entre 2009/2010. Les dernières statistiques officielles montrent clairement que l'Algérie mono exportateur de pétrole et de gaz fonctionne de l'évolution erratique du dollar, est pleinement touchée par la crise mondiale. Car il faut raisonner à prix constant et non à prix courant. Autre, la balance commerciale de l'Algérie a enregistré une baisse de 72,03% par rapport à janvier 2008, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Cette baisse importante s'explique essentiellement par la baisse importante des recettes en hydrocarbures, la hausse des importations et, d'autre part, par la stagnation des exportations hors hydrocarbures. Face à cette situation, le plan de développement de la Sonatrach, selon les déclarations officielles du ministère de l'Energie et des Mines, durant janvier 2009, a engendré un montant de plus de 63 milliards de dollars entre 2009/2013, montant auquel il conviendra d'ajouter les 15 milliards de dollars pour Sonelgaz soit au total 78 milliards de dollars donc un montant annuel approchant les 20 milliards de dollars, le tout reposant sur l'autofinancement comme le prévoit les nouvelles directives gouvernementales. Du fait que l'Etat algérien doit être majoritaire dans tout investissement, ce qui conduit à une marginalisation du privé national et étranger. Si l'on veut créer des segments hors hydrocarbures si l'on veut redynamiser la production locale, le besoin en devises sera entre 60/70 milliards de dollars par an. Comme il y a lieu d'éviter au niveau macroéconomique de faire une double comptabilité car le montant du fonds de régulation (environ 4200 milliards de dinars fin 2008) inclut déjà une partie des réserves de change convertie en dinars, devant surtout être attentif à la balance des paiements. Donc j'en déduis, comme je l'ai rappelé souvent, que l'Algérie n'aura pas de problèmes de financement pour 2009 et pour une bonne partie de l'année 2010. Des tensions budgétaires se manifesteraient début 2011 pour un cours de 50 dollars, supposant toujours la stabilité du dollar, avec plus d'intensité fin 2010 pour un cours de 40 dollars et une extrême gravité pour un cours de 30 dollars. Si la crise persiste, il existe trois solutions pour laisser un minimum de réserves de change et éviter le rééchelonnement de 1994 (cessation de paiement) qui a été dramatique pour la population algérienne ; la crise actuelle étant structurelle et non conjoncturelle pouvant durer au-delà de 2014. La première solution est de diminuer la part de l'autofinancement de Sonatrach mais ce qui reviendrait à freiner les recettes futures et à perdre des parts de marché car l'on peut suppléer la limite du quota pétrole en exportant plus de gaz si l'on veut éviter de puiser massivement dans les réserves de change car non limité par le quota Opep. Deuxième solution : diminuer le financement public au niveau de certains secteurs mais qui occasionnerait des tensions sociales plus criardes. Et enfin la troisième solution qui est la plus pérenne c'est de revoir l'ensemble de la politique socio-économique qui a montré ses limites comme le montre la non-proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux. Aussi, la production hors hydrocarbures et la création d'emplois ne se décrètent pas, relevant de l'entreprise, les administrations et les infrastructures n'étant qu'un moyen. Cela suppose l'accélération de la réforme globale en panne en plaçant le savoir au centre du développement (éviter cette démagogie en améliorant ceux qui sont sur place avant de vouloir ramener ceux de l'étranger). Nassim I.