Les jours du procès du siècle se suivent et ne tarissent pas de révélations. La journée d'hier a révélé que 12 milliards de dinars relevant de la Caisse nationale des retraites CNR, ont été transférés à la banque Khalifa, plus précisément à l'agence de Chéraga. Deux années après, seulement 8 milliards de dinars ont été récupérés, mais il s'est avéré que cette somme représente en fait le montant des intérêts cumulés grâce à un taux de 10%. Autrement dit, les 12 milliards de dinars appartenant aux retraités n'ont jamais été récupérés, ils se sont volatilisés alors que durant cette période les retraités percevaient leurs retraites avec des retards qui atteignaient les trois mois. Là encore, les responsables de la CNR se sont vu obligés de puiser dans les caisses de la Cnac pour payer les retraités. Cela s'est déroulé en 2001. L'ex-président du conseil d'administration de la CNR, Abdelali Meziane, accusé de corruption et trafic d'influence, a été appelé à la barre pour donner plus de précisions sur cette affaire. Cette dernière remonte au 16 septembre 2001, jour où le bureau national de la Cnas s'est réuni pour prendre la décision de transférer l'excédent en liquidités se trouvant au Trésor, à la banque Khalifa alors que cette décision devait être prise par le conseil d'administration et non pas par le bureau du conseil qui est censé faire seulement des propositions au conseil d'administration et préparer son programme de travail. De plus, le bureau, qui a dépassé ses prérogatives, s'est réuni avec seulement six membres alors que le règlement stipule que toute réunion du bureau doit être faite par sept membres et toute décision doit être prise par les deux tiers des membres du conseil d'administration qui sont au nombre de 29, ce qui fait que ladite réunion devait réunir 18 membres relevant du conseil d'administration et non pas du bureau du conseil. Le hic dans cette histoire, c'est que le dépôt des fonds a été effectué le 11 septembre de la même année, soit avant la tenue de la réunion, et cela sans que le conseil d'administration ne soit mis au courant ni la tutelle qui était sous la responsabilité de M. Aboudjerra Soltani, ministre du Travail à cette époque. A ce sujet, l'accusé a précisé que "c'est la direction générale qui est en position d'informer la tutelle " La version de l'accusé démontre qu'en effet, après avoir déposé l'argent à la banque Khalifa, 8 milliards ont été récupérés deux ans plus tard mais les 4 milliards de dinars qui manquaient ne pouvaient être retirés vu que le délai de retrait des biens fixé au 15 décembre 2002 après l'annonce de la faillite de la banque avait expiré. L'accusé a souligné que "la décision de transférer les fonds nous a été donnée par le directeur financier Slimane Kerrar. Et les procès verbaux qui ont servi pour le transfert étaient falsifiés". En contrepartie de l'accusé a avoué avoir bénéficié d'une carte de voyage 1+3 qui lui permettait de se déplacer à l'intérieur comme à l'extérieur du pays gratuitement avec trois membre de sa famille. "J'ai utilisé la carte 17 fois pour mes déplacements nationaux et trois fois pour me rendre à Marseille" a ajouté l'accusé. Interrogé par le procureur général sur le nombre de réunions que tient le conseil d'administration, l'accusé répond "une fois tous les trois mois ". " Alors pourquoi ne pas avoir réuni les membres du conseil d'administration pour prendre la décision du transfert alors qu'il est le seul habilité à prendre cette initiative ?" martèle le procureur. A cette question, l'accusé préfère ne pas répondre. Dans l'après-midi c'est le Directeur général de la CNR, M. Arrisi Salah qui a été interrogé en tant qu'accusé. Celui-ci indiquera que contrairement à ce qu'avait dit Abdelali Meziane, les fonds de la CNR ont été déposés à l'agence de Zighout Youcef et non à celle de Chéraga. L'accusé indiquera également que la tutelle avait été informée de leur intention de déposer les fonds à El-Khalifa Bank mais qu'ils n'ont pas reçu de réponse. Sur ce ils ont indépendamment décidé de placer les fonds de la CNR à El-Khalifa Bank. L'accusé avouera néanmoins avoir bénéficié d'une carte de voyage gratuite Khalifa Airways 5+1 en 2002 et qu'il s'en était servi 2 fois. Aussi, il indiquera que son fils a bénéficié d'un stage de formation en Grande-Bretagne pour devenir pilote alors qu'il n'avait qu'un niveau d'instruction limité (3e AS).