"L'Algérie a considérablement contribué à la sécurité de l'approvisionnement (énergétique) de l'Europe", telle a été la déclaration du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, lors d'une conférence de presse donnée à l'issue d'une visite de travail qui l'a guidé dans la capitale espagnole. En 2006, dira le ministre de l'Energie, les exportations gazières de l'Algérie vers l'Europe ont représenté 97 % du volume total (de ces exportations), soit 61 milliards de m3. Chakib Khelil n'a pas manqué de souligner à cet effet le rôle que joue Sonatrach sur marché gazier en Europe. "Depuis 2002, Sonatrach a fortement contribué à l'émergence de nouveaux acteurs sur le marché européen", a-t-il dit, donnant l'exemple de 16 nouveaux projets dans lesquels Sonatrach est en partenariat avec plusieurs autres compagnies sans détenir la "majorité de contrôle" dans le capital. Chakib Khelil a indiqué, en cette occasion, que Sonatrach envisagerait de créer dans les prochains mois une société qui commercialisera du gaz naturel en France. L'annonce a eu effet de bombe dans le milieu de GDF (Gaz de France). C'est une mauvaise nouvelle pour le groupe français, paraît-il. En effet, à moins de cinq mois de l'ouverture complète des marchés de l'exagone de l'énergie, à la concurrence, un nouveau rival va faire son apparition en France. Il est clair que GDF ne sous-estime pas Sonatrach, et ce n'est pas pour rien. Sonatrach est l'un des principaux fournisseurs de gaz de la France et l'Algérie assure 14,8 % des approvisionnements français, derrière la Norvège et la Russie. Ce qui explique les appréhensions de GDF après l'annonce de Khelil. Par ailleurs, le ministre de l'Energie à Madrid a eu également à discuter avec les responsables espagnols du grand projet de gazoduc Medgaz, dans lequel Sonatrach détient 36 % du capital ou le projet Galsi où elle est actionnaire à hauteur de 33%. ''Dès le départ, nous avons décidé que ces gazoducs devaient être construits et gérés en commun avec des partenaires. Je crois que c'est un exemple unique dans le monde pour les pays producteurs de gaz'', a déclaré à ce propos Chakib Khelil. Passant en revue le partenariat avec l'Espagne, il a également évoqué les nombreux projets en cours de réalisation, tels que Medgaz et Gassi Touil et les investissements de Sonatrach en Espagne à travers les stations de regazéification. Il a noté, en outre, que Sonatrach a contribué à "l'ouverture du marché du gaz en Espagne" à travers la conclusion de plusieurs contrats de fourniture de gaz avec de nouveaux opérateurs sur le marché espagnol : Iberdrola, Endesa et Cepsa. Concernant la société créée par Sonatrach pour commercialiser le gaz en Espagne "Sonatrach Gas Comercializadora", il a précisé que cette société injectera dans le marché espagnol, directement ou par le biais d'autres compagnies, un volume 2,9 milliards de m3, soit 16 % de la totalité des approvisionnements de l'Algérie et 7 % de tout le gaz distribué en Espagne. "Il ne s'agit donc pas de monopole et de position dominante comme cela est prétendu dans certaines informations de presse", a-t-il souligné. A propos du projet de gazoduc sous-marin Medgaz, Chakib Khelil expliquera qu'il avance de manière satisfaisante, puisque tous les contrats pour la réalisation et la fourniture d'équipements ont été signés. Il a précisé que d'un point de vue administratif il ne reste plus que l'accord de la Commission nationale de l'énergie en Espagne (CNE) à la nouvelle structure actionnariale de la société Medgaz. Il a précisé, d'autre part, que lors de ses entretiens avec le ministre espagnol de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, il a été évoqué la possibilité de l'entrée du groupe Gas Natural dans le projet Medgaz. Tout en relevant que cette proposition est en ''discussion'', l'accord des autres partenaires étant nécessaire ; il a précisé que Sonatrach y est ''favorable'' et qu'elle est prête à baisser sa participation de 36 % à 26 % pour permettre à Gas Natural de devenir partenaire dans le projet.