Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a clarifié, hier, la position de l'Algérie quant à la question relative à la création d'une "Opep du gaz", défendue depuis quelques temps par la Russie. En effet, M. Chakib Khelil a estimé, à l'issue d'une séance de travail avec le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, qu'il est prématuré d'évoquer la création d'une "Opep du gaz" car le marché du gaz se distingue du marché du pétrole et que grâce au GNL (gaz naturel liquéfié), le marché gazier pourrait devenir aussi dynamique que le marché pétrolier dans 20 à 30 ans. Cette déclaration du ministre de l'Energie et des Mines aura comme effet de dissiper les craintes des pays de l'UE lesquels, soucieux de garantir leurs approvisionnements énergétiques, craignaient la création d'un "cartel du gaz" qui, à l'instar de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pourrait peser sur les prix. Pour rappel, la signature du mémorandum d'entente entre la Sonatrach et Gazprom a dévoilé, au sein de l'EU, un souci grandissant sur le volet énergétique. En novembre 2006, le comité économique de l'Otan affirmait dans un rapport que la Russie envisageait de mettre en place un cartel gazier avec la participation de l'Algérie, du Qatar, de la Libye et de pays d'Asie centrale. Des affirmations vite démenties par l'Algérie. D'ailleurs, le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane lui-même avait déclaré à la presse qu'il n'y avait entre la compagnie algérienne et Gazprom "ni entente sur les prix ni création d'une Opep du gaz" et que "tout ce qui a été écrit sur ce sujet est faux". Sonatrach n'est pas dans une logique de cartel et les accords conclus avec les pays de la rive nord de la Méditerranée, l'Italie, la France et l'Espagne, rendent cette perspective encore plus improbable. Cette mise au point de M. Khelil intervient au moment où la question de l'Opep du gaz a été réactivée à la faveur de la visite en Algérie, depuis hier, du ministre russe de l'Industrie et de l'Energie. Par ailleurs, cette visite du ministre russe à Alger et qui a suscité beaucoup d'inquiétudes au sein des pays d'Europe, a été l'occasion pour les deux ministre de préciser que la coopération russo-algérienne contribuera à la garantie de la sécurité énergétique globale. Pour lever toute équivoque, M. Khelil a noté que la coopération des deux pays aura pour résultat une meilleure garantie des approvisionnements de l'Europe et du monde entier en énergie. M. Khristenko a, pour sa part, indiqué que "notre coopération répond non seulement aux intérêts des deux pays mais renforce également la fiabilité du marché énergétique et la sécurité énergétique globale". Cette rencontre a donc permis aux deux plus grands fournisseurs d'énergie de l'Europe de rassurer cette dernière quant à son approvisionnement. d'un autre côté, elle permettra de relancer la réalisation de projets conjoints. A ce titre, les investissements des russes Rosneft et Stroytransgaz dans la mise en valeur du gisement pétrogazier 245-sud pourraient s'élever entre 4 à 5 milliards de dollars, a annoncé M. Khelil. Les investissements russes pourraient être évalués à ce chiffre justement, étant donné l'ampleur de la production, a ajouté le ministre. La mise en valeur du bloc 245-sud est réalisée par un consortium des russes Rosneft et Stroytransgaz et de la société algérienne Sonatrach. Les compagnies russes détiennent chacune 30% du capital du consortium.