Dans le rapport mensuel qu'elle a publié hier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a abaissé sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2009, même si elle estime que la stricte observation des réductions de production décidées par l'Opep depuis septembre devrait réduire les stocks dans les pays développés. L'AIE évalue, en effet, la demande mondiale à 84,4 millions de barils, soit 270.000 barils de moins qu'estimé en février. Ce chiffre représente une baisse de 1,25 million de barils par jour, soit 1,5%, par rapport à 2008. L'AIE met aussi en avant le fait que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a réussi à stabiliser les cours pétroliers et à faire remonter les prix depuis janvier grâce à ses décisions de réduire son offre. “Les prix du pétrole ont réalisé des gains constants début mars alors que de plus en plus de signes démontrent que l'Opep met bien en oeuvre les baisses de production annoncées», est-il indiqué. L'Opep a décidé de réduire son offre de 4,2 millions de barils par jour (mbj) depuis septembre, et ces décisions sont respectées à 80%, d'après l'AIE. Si l'Opep met totalement en oeuvre les baisses déjà annoncées, “cela va commencer à tendre l'approvisionnement du marché à partir du second trimestre”, et donc à apporter un soutien supplémentaire aux prix, que l'Opep souhaite voir remonter vers 75 dollars le baril, note l'AIE. Il n'en demeure pas moins que l'Opep reste fortement préoccupée par la baisse continue des demandes du pétrole au marché mondial. Dans un communiqué publié à la capitale angolaise, le président de l'Opep, José Maria Botelho de Vasconcelos, a affirmé que “l'impact profond de l'instabilité économique sur la demande pétrolière est évident dans ses réductions continues... malgré des mesures prises par l'OPEP dans la réduction de l'approvisionnement en pétrole au marché”. M. Botelho de Vasconcelos, également ministre angolais du Pétrole, a souligné que l'Opep est préoccupée par l'actuelle situation du marché pétrolier et ses conséquences éventuelles sur les investissements dans l'industrie pétrolière. Il a affirmé que l'Opep continuera ses efforts à la recherche d'un équilibre dans l'approvisionnement et la demande au marché de pétrole, faisant partie de ses engagements pour la stabilisation des prix pétroliers au marché mondial. Aussi, l'Opep a souligné dans son rapport mensuel publié hier à son siège à Vienne que “la croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2009 a été revue en baisse à 1 million de barils par jour (mbj) en tenant compte de la détérioration continue de l'économie mondiale et de l'érosion de la croissance de la demande qui l'accompagne”, a souligné l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Ainsi, l'Opep a réduit de moitié sa prévision de hausse de la demande en 2009 par rapport aux chiffres publiés en février. Elle ne table plus désormais que sur une demande mondiale totale pour cette année de 84,61 mbj contre 85,13 mbj dans son rapport précédent. Le rapport note aussi que “la croissance négative [de la demande de brut] va s'étendre à toutes les régions, excepté le Proche-Orient et la Chine”. La demande dans les pays industrialisés de l'OCDE devrait même chuter de 1,3 mbj en 2009, comparé à 2008, tandis que dans les pays non membres de l'OCDE, la demande ne devrait connaître qu'une faible hausse de 300 000 barils/jour. Le cartel a plaidé pour un maintien des prix “à un niveau permettant de soutenir les investissements dans le secteur énergétique afin de maintenir une croissance économique à l'avenir”. “Ce seront les principales questions discutées lorsque la conférence de l'Opep se réunira le 15 mars”, à Vienne, a encore indiqué le rapport de l'Organisation. Le cartel a cependant noté que “les efforts des gouvernements pour stimuler leurs économies et les efforts de l'Opep pour réduire le surplus de production ont aidé à stabiliser le marché” ces dernières semaines. En tout état de cause, les marchés semblent très sensibles à l'annonce de nouvelles réductions dans la production de l'Opep. Les cours du pétrole ont terminé en net rebond jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange, le brut pour livraison avril a fini en hausse de 4,70 dollars ou 11,1% à 47,03 dollars le baril. Il s'agit de sa plus forte hausse en pourcentage depuis le 19 février. Il avait ce jour-là bondi de plus de 14%. Mercredi, les cours US avaient chuté de 7,4% à 42,33 dollars. A Londres, le Brent de la mer du Nord pour livraison avril a gagné 3,69 dollars ou 8,9% à 45,09 dollars. Samira G.