L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait envisager une nette réduction des quotas de production lors de sa réunion qui aura lieu le 17 décembre à Oran. "La rencontre d'Oran doit nous permettre de décider une baisse plus sérieuse afin d'équilibrer l'offre et la demande", a affirmé le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, dans une déclaration faite jeudi à la radio. Selon M. Khelil, à partir des contacts qu'il a eus récemment avec ses homologues de l'Opep, dont notamment le ministre saoudien de Pétrole, "il y a un consensus" dans la réduction de la production. "L'Opep n'a tout simplement pas d'autre moyen de stabiliser les prix du pétrole", a-t-il souligné. Expliquant le recul des cours mondiaux par la baisse de la demande de carburant dans le contexte de la crise financière mondiale, le ministre a estimé que les prix auraient atteint 10 dollars le baril si l'Opep n'avait pas réduit la production en septembre et en octobre. Les cours mondiaux du pétrole sont passés de 147 dollars le baril en juillet à moins de 50 dollars en novembre, poussant l'Opep, qui assure 40% de la production mondiale d'or noir, à entamer une réduction de la production. Très attendu par le marché, le rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) n'a pas entamé la fermeté des cours observée depuis le début de la semaine. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) n'en finit pas de réajuster à la baisse ses prévisions sur la demande mondiale de pétrole. Les nouveaux chiffres de l'agence prévoient désormais une baisse de 0,2% pour 2008. Plus précisément, l'AIE prévoit une baisse de 1,8% de la consommation mondiale de pétrole ce trimestre et de 0,2 % sur l'ensemble de 2008, à 85,8 millions de barils par jour. Les nouveaux chiffres de l'agence internationale intègrent la baisse de la demande de 3,3 % qui touche les pays de l'OCDE, notamment aux Etats-Unis, qui a diminué sa consommation de 1 million de barils par jour en une année. Par ailleurs, le prix du brut continue de subir les soubresauts de l'économie. En effet, le baril a perdu plus de trois dollars vendredi après l'échec du plan de sauvetage du secteur automobile américain lors de son passage devant le Sénat. Dans une note de recherche, Goldman Sachs, qui envisageait un peu plus tôt cette année un baril de brut à 200 dollars, a réduit vendredi sa prévision pour 2009 à 45 dollars en réaction à la détérioration de la demande. "Alors que la demande mondiale est très basse et que le temps que cela durera reste inconnu, nous estimons que l'offre s'effondrera si les prix passent sous les 40 dollars le baril durant une période prolongée (6 à 12 mois, voire davantage), ce qui laisse penser que nous sommes sans doute entrés dans le creux du cycle", expliquent les analystes dans un communiqué publié hier. Selon Goldman, l'Opep pourrait décider d'abaisser de deux millions de barils sa production quotidienne lors de sa réunion du 17 décembre à Oran. "Il faut désormais attendre et voir ce qui va sortir de la réunion de l'Opep", a prévenu Andy Lipow de Lipow Oil Associates. "Si la baisse de production annoncée est limitée à 1 million de barils par jour, les prix vont rechuter. Il faut qu'avec la Russie, le chiffre atteigne 2,5 millions de barils par jour pour revenir à un marché équilibré vu le déclin de la demande", a-t-il estimé.