L'AIE table désormais sur une contraction de l'économie mondiale en 2009 comme en 2008, la première sur deux ans de suite depuis celle de 1982/1983. La récession devrait générer une baisse importante de la demande mondiale de pétrole, selon les rapports mensuels de l'AIE et de l'OPEP. L'équation qui déterminera la future marge de manœuvre possible pour l'OPEP se complique. Les prévisions de la demande mondiale de pétrole chutent d'une manière spectaculaire. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) prévoient un recul de la demande beaucoup plus poussée que prévu. L'AIE, cette agence qui défend les intérêts des pays les plus industrialisés, a revu à la baisse hier ses prévisions de demande mondiale de pétrole des suites de la détérioration de l'économie. L'AIE table désormais sur une contraction de l'économie mondiale en 2009 comme en 2008, la première sur deux ans de suite depuis celle de 1982/1983. Pour l'année en cours, l'AIE a baissé sa prévision de demande mondiale de 1 million de barils par jour (mbj) à 85,3 mbj. Ainsi, la consommation de pétrole devrait se contracter de 0,6% durant cette année aussi. C'est ce qui ressort d'un rapport mensuel sur le pétrole publié hier par l'Agence internationale de l'énergie qui vient rendre plus complexe l'équation autour des prix du brut. Pour l'année écoulée, l'AIE revoit aussi légèrement à la baisse de 70 000 barils par jour (bj) son estimation de la demande mondiale d'or noir, évaluée en recul de 0,3% à 85,8 mbj. Cette baisse est générée par la décroissance de l'économie mondiale, dont les prévisions sont évaluées à présent à 1,2% pour 2009. Résultat : la contraction de la demande de pétrole sur deux années consécutives. Elle serait, si elle se matérialisait « la première depuis 1982 et 1983 », prévient l'AIE. Mais si cette contraction se concrétiserait, c'est qu'une nouvelle variable serait venue perturber les calculs des pays exportateurs du pétrole. De son côté, l'OPEP a indiqué jeudi qu'elle prévoyait un recul de la demande mondiale de pétrole, plus important que prévu, de 0,2% en 2009, en raison « d'une économie mondiale déprimée ». « L'année 2009 a commencé avec une économie mondiale très déprimée, c'est pourquoi la prévision de croissance de la demande de pétrole est négative », soit de 0,18 million de barils/jour ou 0,2%, lit-on dans le dernier rapport mensuel de l'OPEP. Cette organisation a mis en évidence le fait qu'« une économie mondiale déprimée devrait avoir un fort impact sur la demande de pétrole, cette année », particulièrement dans les pays industrialisés. Dans une précédente prévision datant du mois de décembre 2008, l'OPEP avait prévu une contraction de la demande de l'ordre de 0,15 million de barils/jour pour 2009. Plus explicite, le rapport des pays exportateurs de pétrole indique que « le déclin ne devrait atteindre 2,5 millions de barils/jour dans la première moitié de l'année ». Ainsi, l'année 2009 s'annonce dure pour les membres de l'OPEP, très dépendants des recettes pétrolières. Cela dit, les prix risquent de se maintenir à des niveaux bas compte tenu de la récession économique mondiale, combinée à une crise financière aiguë. Certes, la décision prise par l'OPEP, le 17 décembre à Oran, de réduire sa production de 2,2 millions de barils/jour a aidé à limiter « la baisse des prix », mais, d'après l'OPEP, « atteindre un niveau acceptable de stabilité prendra du temps étant donné les défis auxquels doit faire face l'économie mondiale ». Mais l'enjeu de la discipline est de taille pour les pays de l'OPEP qui a précisé qu'« il s'agit d'une responsabilité partagée qui nécessite un large soutien des autres producteurs et une coopération effective avec les pays consommateurs ». Le secrétaire général de l'organisation, Abdallah El Badri, a affirmé qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la dernière baisse de production de l'OPEP, mais celle-ci prendra des « mesures supplémentaires » si nécessaire.