L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'achemine vers l'annonce d'une nouvelle réduction de sa production lors de sa réunion d'aujourd'hui à Abuja (Nigeria). En effet, le président de l'Opep, Edmund Daukoru, estimant à un million de barils par jour l'excédent de brut, a jugé qu'une baisse d'"au moins" 500 000 barils par jour de l'offre de l'organisation serait annoncée aujourd'hui. Plusieurs pays membres se sont déjà déclarés favorables à cette nouvelle réduction du plafond de production de l'Opep, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Etat des Emirats arabes unis et l'Iran. Ces pays ont réitérés, mardi, leur demande d'une réduction de la production. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui fournit 40 % de l'offre mondiale du brut, tentera, à travers cette nouvelle réduction, de "stabiliser le marché pétrolier devenu volatil en raison d'une hausse des stocks abondants et d'un excédent de l'offre", a indiqué le ministre émirati du Pétrole, Mohammad Al-Hamili à son départ pour Abuja. Cette "volatilité" des prix, a ajouté le ministre émirati, s'explique par des facteurs extérieurs aux fondamentaux du marché, dont la spéculation et des facteurs géopolitiques. S'agissant de la "forte" dépréciation du dollar américain, qui affecte les revenus des pays producteurs, le ministre a indiqué que l'Organisation "examinera lors de ses prochaines réunions cette dépréciation (...) si elle persiste à l'avenir". Le ministre koweïtien de l'Energie, Ali Jarrah Al-Sabah, a, pour sa part, indiqué que les membres de l'Opep sont "satisfaits" des prix, mais craignent l'impact des énormes stocks. S'agissant de l'Arabie Saoudite, le ministre saoudien Ali Al-Nouaïmi, avait estimé en début de mois que "le marché (était) en situation de net déséquilibre" et qu'il fallait soustraire aux stocks pétroliers 100 millions de barils pour le rééquilibrer. Les Etats-Unis, à eux seuls, ont augmenté leurs stocks de plus de 5 millions de barils depuis début novembre. De plus la faiblesse du dollar va favoriser une nouvelle réduction de l'offre même si le contexte est inopportun, selon les analystes. Ces derniers jours, les pays consommateurs ont enjoint l'Opep de ne pas réduire sa production pour la deuxième fois en deux mois. Le secrétaire américain à l'Energie, Sam Bodman, a ainsi déclaré que l'Organisation devait assurer le maintien d'un bon approvisionnement du marché. Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a publié son rapport de novembre, ce mardi, a demandé aux pays producteurs de pétrole de l'Opep de ne pas procéder à une deuxième baisse de leur production cette année, après leur décision de la réduire de 1,2 million de barils par jour à partir du 1er novembre, pour enrayer la chute des cours. La réduction de la production de l'Opep décidée en octobre crée des tensions sur le marché mondial à l'approche de l'hiver et pourrait mettre à mal une reprise des stocks des pays consommateurs, estime l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui exhorte le cartel à ne pas procéder à un nouvel abaissement de ses quotas. Une nouvelle réduction risquerait de peser sur les stocks des pays de la zone OCDE, qui se sont déjà contractés de 40 millions de barils en octobre et devraient à nouveau se réduire en novembre, selon les dernières informations dont elle dispose. Dans son rapport, l'AIE a laissé inchangées ses prévisions de demande de pétrole pour 2006 et 2007, dans son rapport de novembre publié ce matin. Comme le mois dernier, l'AIE table sur une croissance de la demande de 1,1% en 2006 à 84,5 millions de barils par jour. Pour 2007, l'agence prévoit toujours une hausse de 1,7% à 85,9 millions de barils par jour. Toutefois, alors que l'AIE jugeait probable un rebond de la demande en 2007, l'agence estime désormais qu'elle risque d'être "confrontée à des pressions à la baisse", notamment en raison des incertitudes sur la croissance des Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut. En plus, la demande pour le pétrole de l'Opep pourrait pâtir d'une hausse attendue des livraisons de producteurs concurrents comme ceux de la mer Caspienne ou de l'Afrique de l'Ouest, qui ont, néanmoins, déçu à plusieurs reprises, les attentes. Une grosse partie de l'approvisionnement hors-Opep devrait venir de l'Angola qui entend, avec l'Equateur et le Soudan, rejoindre le cartel. Sa candidature sera examinée demain. D'ailleurs, l'Angola va officiellement présenter sa demande d'adhésion lors la réunion d'aujourd'hui à Abuja, pour devenir membre de plein droit de cette institution mondiale. Avec une production quotidienne estimée à 1,4 million de barils, l'Angola est le deuxième plus grand producteur d'Afrique subsaharienne, derrière le Nigeria. Sa production devrait atteindre 2 millions de barils par jour en 2007 suite à l'exploration de nouveaux puits.