"En tant que concessionnaire historique, nous ne payons pas de ticket d'entrée, mais nous partageons à moitié avec notre partenaire, les dépenses d'investissements de 96,2 millions d'euros prévus notamment pour des travaux, l'acquisition d'équipements et la mise en place d'un système de gestion informatique. L'achat des quatre portiques qui changeront l'organisation du travail sur les quais n'est prévu qu'à la deuxième année" c'est du moins ce qu'a déclaré M. Abdelhak Bourouai, président-directeur général de l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal), dans une interview accordée au journal économique "Les Afriques", a propos du partenariat signé entre l'Epal et l'émirati Dubaï Ports World. Toujours dans le même sillage, M Bourouai, a estimé que Dubaï Ports World, va apporter à l'Epal son expérience, en sa qualité de 3e opérateur mondial dans les terminaux à conteneurs, car les transporteurs facturent la non-performance du port d'Alger avec une moyenne de dix conteneurs déchargés par heure, qui est la plus faible en Méditerranée mais avec DPW elle passera entre vingt et vingt-cinq conteneurs par heure. Selon le P-DG de l'Epal, si l'Algérie n'avait rien fait, elle dépendrait du port de Tanger Med pour ses approvisionnements. Le port d'Alger ne peut même pas recevoir un 1200 EVP (équivalent vingt pieds) de première génération car il y a un problème de tirant d'eau, mais aussi de longueur linéaire de quai, mais "la nouvelle joint-venture bénéficiera cependant de 18 ha de surface, au lieu de 12 ha actuellement. Le futur grand port d'éclatement, c'est Djendjen. Sans Djendjen, on ne trouvera pas de grands navires de 15 000 EVP pour venir chez nous" explique M. Bourouai. Tout cela ne signifie pas, selon lui, que le terminal d'Alger n'a pas d'avenir, car il traite 50% du trafic, et DPW a payé 16 millions d'euros pour y entrer, mais avec ce partenariat DPW s'est engagé à "accroître le trafic pour le porter à 760 000 boîtes en sept ans. Il représentait les 2/3e des 600 000 boîtes traitées en 2008". Quant au terminal de Djendjen ,il traitera 1,5 million d'EVP au bout de dix ans, se situant à moins de 100 000 aujourd'hui. A une question sur l'organisation de ce partenariat avec DPW, M. Bourouai a eu comme réponse : "Nous avons donc créé le 15 février dernier la société Djazair Port World à 50-50 au capital de 20 millions d'euros. Elle bénéficie d'une concession de 30 ans sur le terminal à conteneurs. Son management est confié à Dubaï Ports World selon deux modalités. La première est un contrat de performance, payé durant sept ans par la société concessionnaire. La seconde, au-delà, prévoit un management sans paiement, à la responsabilité de Dubaï Ports World et une algérianisation de l'encadrement", et d'ajouter "le business plan prévoit 20% de rentabilité au bout de dix ans. Djazaïr Ports World prend les commandes du terminal le 17 mars prochain, un mois plus tard, ce sera au tour de la joint-venture créée sur le même business modèle, entre DPW et l'entreprise portuaire de Djendjen, de débuter. Les deux sociétés concessionnaires payeront à l'Etat algérien une redevance fixe sur le m2 et une redevance variable sur le chiffre d'affaires". En matière de management, M. Abdelhak Bourouai a cité l'exemple du port de Béjaïa où un contrat de management a été signé il y a trois ans avec une société de Singapour, qui a dynamisé avec elle tout le monde, à savoir la douane et les autres administrations et les conteneurs sortent en trois jours là-bas et il a estimé que "c'est un management différent, car ce sont des privés qui sont attentifs à ne pas perdre de l'argent en perdant du temps. Ils sont plus agressifs pour faire bouger leur vis-à-vis de l'administration. La même chose va arriver au terminal d'Alger". S'agissant de la grève de la coordination syndicale des ports d'Algérie,qui a combattu ce partenariat avec DPW, et la question des licenciements, M. Bourouai a estimé que l'Epal fournira a Djazair Ports World 660 travailleurs dès la première année. A propos de l'appel d'offres, M. Bourouai a estimé que les appels d'offres ne réussissent pas toujours "on ne sait pas parfois sur qui nous allons tomber. Nous avions, dans ce gré à gré, l'avantage de la confiance entre les deux Etats, algérien et émirati, et la volonté d'aboutir. Dubaï Ports World était absent dans la Méditerranée, et nous avions besoin d'un gros partenaire qui nous introduise dans le circuit mondial. Je crois vraiment que c'est un accord gagnant-gagnant", a t-il conclu. Brahim Mahdid