La crise n'en finit pas de faire paniquer les banquiers centraux induisant dans son sillage des mesures d'urgence. C'est ainsi que la Fed a décidé de "monétiser" la dette américaine pour tenter de faire baisser les taux hypothécaires et entraver la baisse des cours des bons du Trésor américain. La Fed échange donc des billets fraîchement imprimés contre des bons du Trésor américain que possèdent d'autres investisseurs. La Fed espère que les liquidités vont ainsi pouvoir inonder les marchés du crédit en tant que nouveaux prêts et débloquer les choses. La Fed a ajouté que, "pour améliorer les conditions sur les marchés privés du crédit, le Comité a décidé d'acheter jusqu'à 300 milliards de dollars de titres du Trésor à plus long terme au cours des six prochains mois".Selon certains analystes prédisant que cette mesure devrait induire une forte chute des cours du dollar. Aussi, la chute du dollar déclenchée par l'annonce de la Réserve fédérale des Etats-Unis de son intention d'acheter massivement des obligations d'Etat est historique et annonce la fin de son statut de valeur phare, estiment certains analystes. La décision de Fed fait craindre qu'un gonflement du bilan de la Fed ne se traduise par une offre excédentaire de dollars et ne ré-enclenche un phénomène inflationniste. Sur le marché des options, les investisseurs ont commencé à se positionner dans l'idée que la baisse du dollar va continuer avec des options de vente sur le billet vert et des options d'achats sur l'euro. L'euro a dépassé 1,37 dollar jeudi en séance puis vendredi matin, son plus haut niveau depuis début janvier, pour revenir ensuite sous ce niveau. Depuis vendredi dernier, la monnaie européenne a gagné quelque 6%, sa plus forte hausse depuis son lancement en 1999. Le dollar est parti pour afficher cette semaine sa plus forte baisse hebdomadaire depuis 24 ans contre un panier de grandes devises. Il s'agira de sa plus forte baisse depuis 1985, année des accords du Plaza qui visaient à faire baisser le cours du dollar. Si la chute est supérieure à 5,2%, ce sera la plus forte depuis l'abandon en 1973 du système des taux de change fixes mis en place à Bretton Woods en 1944. "C'est un moment historique, le début de la dévalorisation de la monnaie qui sert de réserve au monde. Et il semble à de nombreux participants que dans le grand vent de l'histoire, nous sommes témoins de la chute de 'Rome' sur le Potomac", commente Alan Ruskin, chez RBS Greenwich Capital. Les analystes de la banque Standard Chartered ont intitulé une note:"le jour où le dollar est mort", voient l'euro monter à 1,55 dollar à la fin de l'année. Le plus haut niveau de l'euro a été atteint le 15 juillet à plus de 1,60 dollar. "Nous ne pensons pas que ce soit le début d'une nouvelle tendance pour le dollar", affirme au contraire Michael Woolfolk, cambiste à la Bank of New York Mellon à New York. "Nous pensons que le paysage économique va à nouveau se détériorer dans le courant de l'année, ce qui déclenchera un retour en force sur le dollar." Autre facteur de hausse du billet vert : le sentiment de plus en plus partagé que l'attitude très interventionniste de la Fed face à la crise aidera les Etats-Unis à être les premiers à s'en sortir, estime Ronald Simpson, chez Action Economics en Floride. Il souligne qu'à un certain stade, si toutes les banques des pays du G7 procèdent à une politique d'ajustement quantitatif - c'est-à-dire inonder le système bancaire de liquidités pour relancer l'activité de prêts quand les taux d'intérêt sont déjà à zéro ou presque - cela ramène tout le monde sur un pied d'égalité. Isma B.