Les ministres de l'Economie et des Finances des 20 pays les plus industrialisés se réunissent à Hirsham (Grande Bretagne), pour préparer le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, prévu à Londres le 2 avril prochain. Avant de quitter Washington, jeudi soir, pour participer au sommet ministériel du G20, le ministre américain de l'Economie et des Finances, Tim Geithner, a annoncé que les Etats-Unis sont prêts à tripler le montant de la cagnotte dont le Fonds monétaire international (FMI) dispose pour venir en aide aux pays en développement frappés par la crise économique. Actuellement, le FMI a environ 250 milliards de dollars dans cette cagnotte. L'Administration Obama est donc prête à porter les fonds disponibles pour l'Afrique et les autres régions en développement à quelque 750 milliards de dollars. Le plan américain élargirait les critères d'éligibilité des pays en développement, et donc, le nombre des pays bénéficiaires de cette aide. L'Union européenne est d'accord avec les Etats-Unis pour accroître la caisse du FMI, mais dans une moindre proportion. Dès mardi, les pays européens ont, en effet, proposé de doubler le montant de la cagnotte, pour le porter à 500 milliards de dollars. De son côté, le FMI indique que tout accroissement de l'aide est salutaire. Le FMI a d'ores et déjà accepté d'augmenter le volume de ses prêts aux pays africains en difficulté, tout en soumettant ses nouveaux prêts à des conditions plus strictes que les précédentes. Par ailleurs, le directeur général du FMI, Dominique Strauss Kahn, s'est joint aux pays européens, à l'exception de la Grande-Bretagne qui appellent les Etats-Unis à cesser d'exiger que les autres gouvernements renforcent leurs plans de relance. Ils invitent Washington à réformer le système bancaire et financier américain qui est à l'origine de la crise. «Les Etats-Unis doivent dire exactement comment ils comptent s'y prendre», a ainsi déclaré le patron du FMI. «Les choses traînent vraiment en ce qui concerne la restructuration du système américain et j'ai peur que si ça continue comme ça deux ou trois mois, il sera difficile de tabler sur une reprise en 2010», a ajouté M. Strauss Kahn. Avant le départ de son ministre au sommet du G20, Barack Obama a défendu la façon dont son gouvernement a choisi de lutter contre la récession. Le chef de la Maison-Blanche a affirmé que son gouvernement a pris des «mesures agressives». «Nous allons de l'avant avec toute une série de mesures que nous avons déjà prises et un certain nombre d'autres mesures que nous avons l'intention d'adopter pour garantir que le système financier est solvable et que nos banques sont solides», a expliqué le président américain. A la veille du sommet du 2 avril du G20, nombre d'observateurs laissent entendre que les prémices d'une catastrophe annoncée sont perceptibles. «Les capitaux privés investis dans les pays émergents sont tombés de 928 milliards de dollars en 2007 à 466 milliards de dollars en 2008». Et selon l'Institute of International Finance, ils ne devraient représenter que 165 milliards de dollars pour 2009. En dépit des discours et des proclamations, les faits sont têtus : «Les flux financiers Nord-Sud sont négatifs et à l'avantage des pays riches». La relance de l'économie mondiale est envisagée par les pays riches sous le seul angle de leur consommation intérieure, alors même que la globalité de la crise impose une vision bien plus large et des actions cohérentes pour faire en sorte que la relance de la demande intéresse le monde entier et au premier chef les économies les moins avancées. C'est aussi l'intérêt stratégique des avances. «A Hirsham, les grands argentiers de la planète vont décider de renforcer les moyens du FMI, clouer à un pilori sélectif quelques paradis fiscaux et s'accorder sur un minimum médiatique de régulation, notamment concernant la supervision des agences de notation. L'échec est donc inévitable et vérifiera s'il en est encore besoin, l'aveuglant égoïsme des riches». Ahmed Saber