Le "quartet" de médiateurs internationaux pour le Proche-Orient a réaffirmé, vendredi, que tout gouvernement palestinien devait renoncer à la violence, reconnaître Israël et respecter les accords de paix passés en préalable à une reprise de l'aide internationale. Dans un communiqué commun, l'Union européenne, la Russie, les Nations unies et les Etats-Unis ont réservé leur jugement sur l'accord intervenu, jeudi, à La Mecque entre le Fatah et le Hamas sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. "Le quartet salue le rôle joué par le royaume saoudien dans la conclusion de l'accord sur la formation d'un gouvernement palestinien d'unité nationale. Le quartet a l'espoir que le calme recherché va s'imposer", indiquent les membres du quartet dans un communiqué publié par le département d'Etat américain à l'issue d'une téléconférence. "En attendant la formation du nouveau gouvernement palestinien, le quartet réitère sa déclaration du 2 février concernant son soutien à un gouvernement palestinien qui s'engage à renoncer à la violence, à reconnaître Israël et à accepter les accords de paix passés", précise le texte du communiqué. A première vue, l'accord ne semble pas remplir les trois conditions fixées par le "quartet" pour la reprise d'une aide financière directe. Le document ne fait aucune allusion à la reconnaissance d'Israël. Mais dans une lettre par laquelle il reconduit le Premier ministre Ismaïl Haniyeh dans ses fonctions, le président palestinien Mahmoud Abbas note que le nouveau gouvernement doit se conformer au "droit international" et aux accords signés par l'Organisation de libération de la Palestione (OLP). "Nous estimons que le peuple palestinien mérite un gouvernement qui (...) s'engage clairement et de façon crédible à respecter les principes réaffirmés par le quartet à sa réunion de la semaine dernière", a déclaré aux journalistes Tom Casey, porte-parole du département d'Etat. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui a participé à la téléconférence entre les membres du quartet, devrait organiser une série de consultations avant de se rendre au Proche-Orient en fin de semaine prochaine, a fait savoir le département d'Etat. A l'occasion de cette visite, elle devrait réunir le Premier ministre israélien Ehud Olmert et Abbas, que Washington cherche à soutenir dans sa lutte pour le pouvoir avec le Hamas. Revenu de La Mecque, Saëb Erekat, conseiller d'Abbas et principal négociateur palestinien, s'est entretenu avec Rice avant de se rendre à New York pour rencontrer le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Riad Mansour, observateur palestinien à l'Onu, a indiqué qu'Erekat avait pris acte de la réaction prudente de Rice et avait déclaré que l'accord devait être jugé sur les actes et les résultats. "Il faut étudier attentivement l'accord de La Mecque et lire entre les lignes, notamment pour tout ce qui concerne la reconnaissance et le respect des accords passés", a déclaré Erekat, cité par Mansour. "Il faut se dire qu'un revirement de position politique ne se produit pas en une nuit et il faut être patient et laisser passer du temps pour que ces changements puissent avoir lieu", a-t-il ajouté. "La vraie question pour ce gouvernement d'union (...) est de savoir quelle politique il adoptera. Comment il agira ? Comment cet accord de principe inscrit sur le fragment de papier qu'ils ont produit à La Mecque se traduit par un gouvernement réel doté d'une politique réelle, et comment ce gouvernement et cette politique réels répondent aux normes du quartet ?", a dit un responsable américain qui a requis l'anonymat parce qu'il n'était pas autorisé à s'exprimer sur ce sujet. Sur un autre registre, le roi Abdallah II de Jordanie a fait part de son inquiétude après les affrontements de vendredi déclenchés par les travaux près de l'Esplanade des Mosquées, parlant de "dangereuse escalade israélienne" et exhortant l'Etat hébreu à interrompre ces travaux. La police anti-émeutes israélienne a tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes pour disperser la foule en colère sur l'Esplanade des Mosquées, furieuse des travaux en cours sur une des rampes d'accès au site, qu'elle dit destinée à endommager le site. Le souverain hachémite a téléphoné au président palestinien Mahmoud Abbas pour lui faire part de son inquiétude, rapporte l'agence officielle jordanienne Petra. Il a rejeté les "justifications" israéliennes pour ces travaux de rénovation: l'Etat hébreu parle de simples réparations en contrebas de l'Esplanade et accuse des "extrémistes" palestiniens d'avoir déclenché cette vague de contestation.