Rien de bien spectaculaire n'est sorti de la réunion vendredi à Washington de la nouvelle réunion du Quartette (Etats-Unis, Europe, ONU et Russie) ce fameux forum informel auteur d'un plan de paix, la feuille de route, en retard de deux années. Pour la première fois dans l'histoire tourmentée du Proche-Orient, un plan a fixé un objectif clair, la création d'un Etat palestinien indépendant et une échéance, l'année 2005. Deux années plus tard, il n'en a rien été. Et pour cause, Israël a vidé ce plan de toute sa substance, en y introduisant de nombreux amendements et en refusant tout engagement dans le temps. Plus que cela, Israël y a substitué son plan avec le retrait de Ghaza et l'édification du mur de séparation très nettement dans les territoires palestiniens. L'ONU a d'ailleurs appelé à son démantèlement, craignant que ce ne soit là une frontière de fait délimitée unilatéralement par les Israéliens. Plus que cela, les Israéliens s'apprêtent si ce n'est déjà fait dans le cadre de l'extension de la colonisation, à accaparer de nouveaux territoires palestiniens, sans que la communauté internationale esquisse la moindre réaction, même s'il n'y a pas eu approbation d'une telle politique. Mais le Quartette, toujours sans plan de travail, ne défend pas son plan. La seule réunion urgente a été convoquée pour imposer un embargo international aux Palestiniens à la suite de la victoire du mouvement Hamas aux élections du 25 janvier 2006, créant une situation de guerre civile, avec un risque réel de catastrophe humanitaire. Voilà donc cette fois le Quartette qui a visiblement pris au mot les Américains et qui leur a apporté son soutien pour les efforts qu'ils se proposent de déployer. Il a aussi réaffirmé les conditions préalables à une levée de l'embargo financier imposé au gouvernement du Hamas. Les chefs de la diplomatie du Quartette ont « affirmé la primauté de la Feuille de route et soutiennent les efforts américains pour accélérer les progrès sur la Feuille de route », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lisant un communiqué commun au cours d'une conférence de presse à l'issue de la réunion. Mme Rice a notamment prévu de réunir le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas à la mi-février pour discuter des étapes finales de ce plan international, comme le tracé des frontières ou le processus de création d'un Etat palestinien indépendant. Elle espère ainsi donner un « horizon politique » aux Palestiniens et les détourner du mouvement radical Hamas, que Washington comme l'UE considèrent comme un mouvement terroriste. L'idée est de « montrer au peuple palestinien ce qui est possible », a-t-elle expliqué au cours de la conférence de presse. Le Quartette a exprimé son « soutien » à l'organisation de cette rencontre et appelé les deux parties à « s'abstenir de prendre des mesures qui pourraient prédéterminer » l'issue des négociations. Il a également appelé de nouveau à un arrêt « immédiat et inconditionnel de tout acte de violence et de terrorisme » à l'encontre d'Israël, condamnant l'attentat suicide d'Eilat qui a tué trois Israéliens le 29 janvier et exigeant un « arrêt immédiat » des attaques à la roquette contre le territoire israélien. Mais rien en ce qui concerne la politique d'occupation israélienne, laquelle suscite des actions de résistance des Palestiniens et nullement l'inverse. Le Quartette a en outre exprimé sa « profonde inquiétude » au sujet des violences interpalestiniennes qui ont fait 25 morts en 24 heures dans la bande de Ghaza. Ces violences reflètent l'incapacité des deux mouvements à constituer un gouvernement d'union nationale, mais aussi une situation économique désastreuse provoquée notamment par les sanctions financières décidées il y a un an par le Quartette après la victoire électorale du Hamas. Les représentants du Quartette ont « réaffirmé » les conditions préalables à une reprise de l'aide internationale au gouvernement dirigé par le Hamas : la reconnaissance d'Israël et des accords passés et le renoncement à la violence. « Le Quartette réaffirme que ces principes subsistent », indique le communiqué. Ils ont cependant reconduit le « mécanisme temporaire » qui permet la distribution d'une aide financière aux Palestiniens en contournant le gouvernement du Hamas, appelant même à le « développer ». Là une autre question se pose. Il s'agit des accords internationaux en question qu'il faille identifier, car en la matière, c'est bien Israël qui a renié ses engagements internationaux et décrété un soir de février 2000, la mort des accords d'Oslo. Le Quartette se réunira de nouveau « très bientôt » à Berlin, après une réunion de Condoleezza Rice, du Premier ministre israélien Ehud Olmert et du président palestinien Mahmoud Abbas prévue à la mi-février. La réunion vendredi a néanmoins montré la persistance de divergences entre la Russie et les Etats-Unis, notamment sur la nécessité d'impliquer la Syrie dans le processus de paix israélo-palestinien, en faveur de laquelle le ministre russe des Affaires étrangères s'est prononcé tandis que Mme Rice s'y oppose. Cela ne devrait pas éclipser le dossier de fond qui est l'occupation par la force de territoires palestiniens et arabes.