Le déboisement qui ravage les forêts d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine devrait se maintenir à un rythme élevé durant les 20 prochaines années, selon un rapport publié par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Tous les deux ans, la FAO publie un rapport consacré à la situation mondiale de la forêt et du secteur forestier. Thème retenu pour l'édition 2009 : "Société, forêts et foresterie : s'adapter pour l'avenir ". La santé des forêts varie d'un continent à l'autre. Analyse de la situation dans les 5 grandes régions du monde à savoir l'Afrique , l'Asie et Pacifique, l' Amérique du Nord et Mexique,l'Amérique latine et Caraïbes et enfin l'Europe. Pour le continent noir , entre 2000 et 2005, l'Afrique a perdu 4 millions d'hectares de forêts par an, " ce qui représente près d'un tiers de la superficie déboisée dans le monde ", selon la FAO. La conversion des zones forestières en zones d'agriculture permanente est la cause principale de ce déboisement. Aujourd'hui, l'Afrique ne représente plus que 16% de la superficie forestière mondiale. Un pourcentage qui pourrait encore baisser à l'avenir. " Les pertes de forêts devraient se poursuivre au rythme actuel. La demande croissante de denrées alimentaires et d'énergie ainsi que la hausse de leurs prix aggravera la situation ", prévoit la FAO. Les défis environnementaux pèseront également sur le sort des forêts africaines. sécheresse, inondations, diminution des ressources en eau… Le changement climatique devrait entraîner un besoin d'expansion des zones de pâturage. Et de plus en plus d'Africains vont avoir recours au bois de feu pour se chauffer. Dans ce contexte négatif, la FAO voit dans l'écotourisme et la demande pour les services environnementaux (biodiversité, fixation du carbone) des "opportunités exceptionnelles " pour assurer l'avenir des forêts africaines. Elle préconise également la mise en œuvre, à l'échelle du continent, de projets comme la Grande muraille verte au Sahara, qui a permis de faire reculer la désertification dans une zone qui s'étend de la Mauritanie à Djibouti. Pour ce qui est de l'Asie et le Pacifique , en 2005, la région comptait 734 millions d'hectares de forêts, 3 millions de plus que cinq ans plus tôt. Ces bons chiffres, qui s'expliquent par le plan de reboisement lancé par la Chine, cachent la perte de 3,7 millions d'hectares de forêt par an dans l'ensemble de la région, entre 2000 et 2005. Comme en Afrique, la déforestation devrait se poursuivre en Asie à ce rythme durant au moins 20 ans. Selon la FAO, " l'expansion des cultures commerciales à grande échelle sera le principal facteur de déforestation dans la région ". En Indonésie et en Malaisie, les forêts sont notamment dévorées par les plantations de palmier à huile, pour satisfaire la demande mondiale en biocarburants. Autre menace qui pèse sur les forêts d'Asie et du Pacifique : la perte de biodiversité. Elle s'explique par le changement climatique, l'essor de l'agriculture, mais aussi le " trafic d'animaux et de parties d'animaux ", qui " monte en flèche ", selon la FAO. Concernant l'Amérique latine et les Caraïbes, entre 1990 et 2005, la région a perdu près de 64 millions d'hectares, " soit 7% de sa superficie forestière ", souligne le rapport de la FAO. Si l'urbanisation en cours dans les Caraïbes pourrait permettre de ralentir le rythme de la déforestation, les forêts d'Amérique du Sud ont encore du souci à se faire. En cause : le besoin de terres pour l'élevage et la culture de denrées alimentaires. Pour le vieux continent , sans surprise, la santé des forêts européennes est bien meilleure. La législation en vigueur dans l'UE " rend extrêmement difficile le déboisement et la conversion des forêts à d'autres usages ", selon la FAO. Si les forêts ont tendance à gagner du terrain à l'échelle du continent, c'est également grâce à " une moindre dépendance à l'égard de la terre, l'augmentation des revenus et le souci de la protection de l'environnement ". Quant à l'Amérique du Nord et le Mexique , à cause de l'expansion agricole du Mexique, la région représente 2% de la déforestation mondiale annuelle entre 2000 et 2005. Aux Etats-Unis, en revanche, la FAO note " un petit accroissement net de la superficie forestière ". Dalila B.