Vertige sonore dans les années 80, et même jusqu'aux années 90 avec le groupe rock, T34, sorti d'une piaule studieuse de la cité universitaire Taleb Abderahmane de Ben Aknoun -T, nom du pavillon, 34, numéro de la chambre-, puis plus rien ! Quinze ans de traversée d'un désert si aride que les membres du groupe dont Khaled Louma, le noyau dur, n'ont pas pu reconquérir une scène lyrique littéralement " mangée " par le rai qui quelques années plus tôt était clandestin. A la bonne heure ! Après ce long silence, tout ce temps qui a grignoté dans la jeunesse des éléments du groupe, T34, est de retour avec un nouvel album actuellement en peaufinage à Dely Brahim sur les hauteurs d'Alger.Faisons les comptes : en un quart de siècle, le groupe est en train de signer son deuxième album.. Peu prolifiques donc, les T34 n'ont pas eu toutes les conditions " normales " favorables à une création artistique : départ de Khaled Louma en France en 1996, difficultés financières dans un espace lyrique impitoyable, décès du percussionniste Omar Amroune en février 2007 ……et le tout, a fait que la muse des T34 a tardé à venir mais entre- temps, ils ont traversé des sons, des visages et des voix, de quoi se refaire ! Çà s'appelle, T34.Patine vintage. Vintage étant le retour à une authenticité d'un rythme qui a séduit dans les années 80. Le come back de Khaled Louma et de ses musiciens désormais appelés Mourad Rahali, (guitariste), Baroudi, Boualem Kasmi (D. J.) et Mhenni Benlala (basse), a été amorcé en juillet dernier, lorsque l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger leur a offert son espace en les invitant à faire une petite tournée. Khaled Louma qui animait une conférence de presse avait annoncé qu'il avait en " poche de quoi faire deux albums sauf qu'il n'arrivait pas à trouver un bon éditeur." Il était donc à la recherche de quelqu'un qui lui mettrait ses sonorités dans les bacs. C'est chose faite ! Réfléchis, pensés et composés en région parisienne, les morceaux du second album de T34 prennent forme à Alger, grâce au travail léché de Bruno Morana, propriétaire des lieux. " Bienvenue dans le futur Motown d'Alger ! ".La barre semble bien haute et pourtant, à chaque nouveau morceau, c'est tout un univers qui fait irruption dans le studio enfumé : dans Bad Movie, des paysages montagneux défilent en Super 8 ; tandis que quarqabu, derbouka et guitares électriques donnent à Machi nhari (" Ce n'est pas mon jour ") un groove blédi et une philosophie millénaire. Pour couronner le tout, la basse de Breaking the law possède carrément le pouvoir de ressusciter Curtis Mayfield !La voix de Khaled Louma a pris avec le tabac et le temps une patine quasiment vintage. Il insiste : " La grande question avant de revenir était : " que doit-on ramener ? " Fallait-il rechanter les titres qui ont fait le succès de T34 ? Cela a été difficile car nous avons passé plusieurs années sans toucher une note de musique…Puis à force d'écrire, on s'est rendu compte que nous avions encore des choses à dire, peut être de façon plus universelle…". Les guitares électriques, l'énergie brute de ces morceaux, mais aussi le parler populaire de T34, compris à travers tout le pays, font le succès du groupe. Le chanteur avait signalé en juillet dernier qu'il avait travaillé très dur pour la confection de son nouvel album qui n'a encore " ni titre ni éditeur. " Les thèmes abordés dans ce nouvel opus qui sera visiblement bientôt dans les bacs, " sont universels tels la corruption " explique encore Louma ajoutant qu'un artiste se doit d'écouter tout les styles musicaux s'il veut avancer " et c'est ce qu'on a tenté de faire. " Yasmine Ben