Nouveau rebondissement dans l'Affaire Madoff. Il semble bien que la plus escroquerie pyramidale depuis Ponzi n'ait pas encore livré tous ses secrets. C'est en France que les banques ont été secouées la semaine dernière par un nouveau scandale. Jeudi 2 avril, le parquet de Paris a indiqué que le siège de la banque française avait été perquisitionné, le 26 mars, dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte à la suite d'une plainte "pour faux et usage de faux", liée à ce scandale financier, confirmant une information du Parisien. Lors de cette perquisition, les enquêteurs de la brigade financière ont saisi un certain nombre de documents. "Nous avons collaboré en toute transparence à ces demandes", a assuré, jeudi, un porte-parole de la banque.En mars, une société française a déposé une plainte visant la banque pour "abus de confiance, faux et usage de faux", s'estimant flouée par la banque française dans l'achat de titres de Groupement financier Ltd, basé à Tortola, aux Iles Vierges britanniques, et lié au financier américain Bernard Madoff. Le parquet ouvre quelques jours après une enquête préliminaire.Cette société, dont son avocat Me Olivier Metzner se refuse à donner le nom, a investi 2 millions d'euros entre décembre 2007 et juillet 2008. Elle reçoit pendant cette période des relevés de titres à son nom. Après le scandale Madoff aux Etats-Unis en décembre, elle prend contact avec les responsables de ce fonds, géré par la banque suisse UBS, qui l'informent qu'elle ne figure pas dans les registres de ce fonds limité à 40 investisseurs, et créé en 2003. "La banque s'est comportée en propriétaire des fonds", assure l'avocat. "Bernard Madoff ne peut exister sans les banques. Elles sont intervenues directement dans ce produit", explique-t-il, ajoutant que son client, investisseur averti, "savait qu'il achetait du Madoff".La justice va devoir déterminer si la banque a respecté les règles bancaires en vigueur via ce fonds Groupement financier Ltd. L'Autorité des marchés financiers (AMF, gendarme de la Bourse) a été saisie par le parquet de Paris sur ce point Pour BNP Paribas, l'affaire pourrait ne pas en rester là. Les clients de l'activité dite "dérivés sur fonds" ou "funds derivatives" pourraient aussi demander des comptes. Cette activité consiste à vendre des produits financiers estampillés BNP Paribas, investis sur une palette de fonds d'investissement alternatifs (hedge funds). La banque a perdu sur cette activité 350 millions d'euros. Depuis l'affaire Madoff, BNP Paribas a décidé de fermer l'activité de dérivés sur fonds, qui rapportait entre 200 et 300 millions d'euros par an. Elle liquide progressivement ses investissements dans les hedge funds, qui atteignaient près de 11 milliards d'euros, il y a six mois. La banque française dénonce une "plainte artificielle" et une "instrumentalisation de la justice". Elle indique avoir agi en parfaite conformité avec les ordres donnés, rappelant, toutefois, qu'elle n'a jamais recommandé à ses clients d'investir dans les fonds Madoff. Elle précise avoir porté plainte en "dénonciation calomnieuse" contre l'investisseur qui l'attaque. Le parquet de Paris a diligenté deux autres enquêtes préliminaires à la suite de l'affaire Madoff. Synthèse Isma B.