Décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de la finance américaine, jamais soumis aux évaluations du secteur financier du FMI. Les uns après les autres, les grands noms de la finance internationale ont annoncé leur niveau “d'exposition” aux produits de la société d'investissement de Madoff, courtier de Wall Street jusqu'à présent très respecté, accusé d'une gigantesque fraude “pyramidale”. Pour rappel, le parquet de New York et le FBI ont annoncé, jeudi, l'arrestation de Bernard Madoff, conseiller en investissement à Wall Street et ancien P-DG de la Bourse Nasdaq, accusé d'avoir monté une gigantesque fraude portant sur quelque 50 milliards de dollars. Une bonne partie de la finance internationale était tombée dans les filets de Bernard Madoff. Dans la liste des victimes présumées, des banques renommées du monde entier côtoient des fonds spéculatifs (Hedge Funds), des fonds de pension, des particuliers mais aussi de grandes fortunes comme le magnat de l'immobilier Mortimer Zuckerman, et des institutions. Les grandes banques internationales, en Asie comme en Europe, ont comptabilisé en centaines de millions les pertes potentielles. La palme en Europe revient pour l'heure à l'espagnole Santander, deuxième capitalisation bancaire européenne, qui a reconnu dimanche soir que les clients de son fonds spéculatif optimal étaient “exposés” à hauteur de 2,33 milliards d'euros. La deuxième banque d'Espagne, BBVA, a admis, pour sa part, une perte nette potentielle maximum de 300 millions d'euros. La britannique HSBC, numéro trois mondial du secteur par la capitalisation boursière, pourrait avoir une exposition d'un milliard de dollars, selon le Financial Times. Autre britannique, Royal Bank of Scotland (RBS), a admis une “perte potentielle” de 460 millions d'euros. En France, Natixis, filiale de la Caisse d'Epargne et de Banque populaire, pourrait perdre jusqu'à 450 millions d'euros, tandis que l'assureur français Axa fait état d'une exposition nette “bien inférieure” à 100 millions d'euros et que Société Générale annonce une implication “négligeable” évaluée “à moins de 10 millions d'euros”, tout comme le Crédit Agricole. BNP Paribas a annoncé des pertes potentielles plus conséquentes de 350 millions d'euros à travers “ses activités de marché” et prêts accordés à des fonds ayant investi dans les Hedge Funds de Bernard Madoff. La première banque italienne, UniCredit, a indiqué être exposée à hauteur “d'environ 75 millions d'euros” et sa compatriote Banco Popolare sur 68 millions. Au Japon, la société financière Nomura Holdings a reconnu qu'elle pourrait subir une perte de 27,5 milliards de yens (225 millions d'euros), mais a qualifié “l'impact” de “relativement limité” compte tenu des sommes gérées. Après les aveux la semaine dernière du courtier légendaire de New York âgé de 70 ans, pas un jour ne passe sans que de nouveaux établissements financiers ne dévoilent les pertes potentielles auxquelles ils sont exposés. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a déploré que les Etats-Unis ne se soient jamais soumis aux évaluations du secteur financier du fonds. “La surprise n'est pas qu'il y ait des voleurs (...) La question est : que fait la police ?” a lancé le patron du FMI. R. E.