Les pêcheurs de thon rouge sont déjà sur le départ. Cette année encore, la saison ouvre le 15 avril, et ce pour deux mois sous une haute surveillance conformément aux dernières dispositions prévues par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), Rappelons qu'après des discussions difficiles en novembre dernier, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique avait déterminé de nouveaux quotas de pêche au thon rouge en Atlantique Est et en Méditerranée et adopté un plan qui définit ces mécanismes de contrôle à tous les stades de la chaîne d'exploitation et de commercialisation Thunnus thynnus, espèce migratrice, dont la chair se négocie à prix d'or au marché aux poissons de Tokyo, est devenu le symbole de la surexploitation des ressources marines et de l'inefficacité de la gestion politique des pêches. Non seulement les quotas, âprement négociés chaque année par les membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), excèdent les recommandations des scientifiques, mais ils sont, dans les faits largement dépassés. Quant aux restaurateurs et commerçants de la principauté de Monaco (32 000 habitants), ils ont décidé de ne plus commercialiser de thon rouge. "Cet accord doit beaucoup à l'engagement du prince Albert II et à sa fondation, consacrée à la protection de l'environnement", commente le Fonds mondial pour la nature (WWF), partenaire de l'opération. Le WWF appelle au boycottage de l'espèce surexploitée partout dans le monde. Quelque 80 % de la production sont absorbés par le Japon. La consommation en Europe n'est cependant "pas négligeable", selon le WWF. Les thons en conserve appartiennent à d'autres espèces, mais le thon vendu frais sur les étals ou aux restaurants peut être du thon rouge. Les ONG réclament une fermeture temporaire de la pêche, afin d'évaluer l'état du stock et de réformer sa gestion. Pour 2009, alors que les scientifiques préconisaient un quota de 15 000 tonnes, celui-ci a été fixé à 22 000 tonnes. Les prises réelles atteindraient en fait 50 000 tonnes. Les chercheurs ont également recommandé l'arrêt de la pêche en pleine période de reproduction, sans succès. Le suivi de l'état des stocks de thon rouge est difficile. La principale source d'informations - les quantités et la taille des poissons débarqués dans les ports - est incomplète : après leur capture, la plupart des prises sont transférées dans des fermes d'élevage pour y être engraissées avant d'être revendues, un système qui favorise l'opacité. Mais les chercheurs s'appuient sur d'autres données : l'expansion spatiale des pêcheries, qui ne laissent plus aucun refuge aux poissons, les baisses importantes de rendement de certaines pêcheries traditionnelles et, surtout, la surcapacité de la flotte, deux à trois fois supérieure à la productivité du stock. La pêche a lieu essentiellement en Méditerranée, lieu de reproduction de l'espèce. Un millier de navires, de taille très variable, se partagent le quota. La France, l'Espagne et l'Italie sont les principaux pays pêcheurs. Depuis 2008, ils doivent se conformer à une série de mesures mises en place dans les pays de l'Union européenne (UE) pour lutter contre la surpêche. Les contrôles, en particulier, sont renforcés. Tricher dans ces conditions est extrêmement difficile. En France, en 2009, un observateur sera présent à bord de tous les navires français, pendant toute la campagne. Dans le même temps, plusieurs informations judiciaires ont été ouvertes, après des dépôts de plaintes par l'Etat, pour de fausses déclarations de pêche. Certains Etats tentent également de diminuer la capacité des flottes, qui est "au coeur du problème actuel de surexploitation" explique t-on. Dalila B.