Les 27 pays de l'Union européenne sont parvenus mardi soir à un compromis qui fixe pour 2010 une réduction des quotas de pêche pour les espèces de poissons les plus menacées. "Je suis heureux d'annoncer que nous sommes parvenus à un accord sur les quotas de pêche pour 2010", a déclaré Eskil Erlansson, ministre de l'Agriculture de la Suède , qui préside l'Union européenne jusqu'à la fin du mois. Le compromis a pour objectif d'éviter un effondrement des stocks tout en sauvegardant le niveau de vie des pêcheurs. "Les quotas ont été établis sur les conseils de scientifiques. Ils ont été diminués pour les stocks sensibles et relevés prudemment pour d'autres", a ajouté Eskil Erlandsson lors d'une conférence de presse. Après deux jours de négociations, les 27 n'ont pas suivi les recommandations scientifiques de réduction drastique des quotas pour préserver les stocks de poisson, répondant ainsi à certaines demandes de l'industrie poissonnière. Dans un premier temps, la Commission souhaitait aller au-delà des 15% de baisse prévue, avec une coupe de 25% dans les quotas actuels pour les zones de pêche où le cabillaud est le plus menacé. Les prises autorisées pour les principales espèces comme le haddock, la sole et la morue sont réduites de 20 à 25% par rapport aux volumes de cette année.En revanche, les prises pour le colin bénéficient d'une augmentation de 15% en raison d'une amélioration des stocks pour cette espèce. Les ministres ont également accepté une levée partielle de l'interdiction qui pesait sur la pêche des anchois dans le Golfe de Gascogne, à la demande de la France et de l'Espagne. Des études ont montré que les réserves de cette espèce se sont améliorées. "Bien que de nombreuses réductions étaient nécessaires, nous avons fait tout notre possible pour alléger le fardeau à court-terme qui pesait sur le secteur de la pêche", a dit Joe Borg, commissaire européen pour les Affaires maritimes et la Pêche. "Nous avons autorisé un montant de 7.000 tonnes à partir de janvier 2010 en tenant compte que ce nombre puisse évoluer à la hausse ou à la baisse en fonction des recommandations scientifiques au printemps", a ajouté Borg. L'accord conclu mardi demeure provisoire dans l'attente d'un compromis avec la Norvège , pays avec lequel l'UE partage ses réserves de pêche en mer du Nord. Les négociations avec Oslo avaient abouti à un échec la semaine passée sur la question de la gestion des stocks de maquereaux. Rappelons que la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) avait annoncé en novembre dernier que le quota de la pêche au thon rouge passera de 22 000 tonnes en 2009 à 13 500 tonnes en 2010. Les quotas négociés au sein de la Cicta , adoptés par consensus entre les Etats, sont toujours supérieurs aux recommandations du comité scientifique de l'organisation et sont, en outre, systématiquement dépassés. En 2007, les prises réelles ont atteint 60 000 tonnes, contre 34 000 déclarées. Cependant, pour les organisations écologistes, la mesure demeure insuffisante dans la mesure où le thon rouge est plus que jamais un poisson en voie d'extinction. Par ailleurs, d'après la Commission européenne, la saison de pêche pour les thoniers senneurs (bateaux de pêche industrielle) sera désormais réduite à un mois, du 15 mai au 15 juin, non négociable même en cas de mauvais temps. Les pays de la Cicta ont également déclaré vouloir s'attaquer à la surcapacité de leurs flottes de pêche, avec un objectif de réduction de moitié d'ici 2011. Dernier point, les pays de la Cicta s'autorisent à suspendre la pêche au thon rouge si de nouveaux éléments scientifiques l'exigent au cours de l'année 2010. A l'annonce de cette mesure, personne n'est satisfait à vrai dire. Certains la considère comme une "belle claque"et déplorent la remise en cause de la rentabilité de certaines entreprises à l'avenir. Les associations de protection de l'environnement, quant à elles, qui souhaitaient un moratoire, sont exaspérées. Dalila B.