Que sera l'Algérie dans 30 ans avec une population qui approchera 50 millions d'habitants ? Telle est la question qui a été posée au docteur Abderrahmane Mebtoul, professeur d'université en management stratégique, par ses étudiants. Dans une contribution parvenue, hier, à notre rédaction, il tente de donner la réponse adéquate. Cette même question a suscité un débat riche sanctionné par deux hypothèses. La première hypothèse porte, selon M. Mebtoul, sur le statu quo actuel. Il explique que "l'age moyen de mes étudiants de fin d'année de licence étant d'environ 22 ans, ils auront alors 52 ans et entre-temps ils auront pour exigences, comme tout Algérien, un emploi, un logement, se marier et avoir des enfants, et donc une demande sociale croissante". Il ajoute que pour ceux qui travaillent actuellement, ils auront entre 60 et 70 ans et seront en retraite. De ce fait, il prédit une forte probabilité d'épuisement des réserves de pétrole (25/30 ans) et du gaz, des besoins croissants et plus de devises pour importer (suppression du ministère de la Solidarité nationale) avec le risque d'implosion de la caisse de retraite, donc pas d'attrait de l'investissement et chômage croissant, des tensions sociales et une instabilité politique, à l'instar des pays les plus pauvres de l'Afrique subsaharienne, et risque d'intervention de puissances étrangères. Quant à sa deuxième hypothèse, elle se base sur les conditions de développement de l'Algérie. Il explique, ainsi, que toute la gestion politique et économique future sera de préparer l'après-pétrole, dont le développement devra se fonder sur les piliers du développement du XXIe siècle, tenant compte des nouveaux défis, tels que la revalorisation du savoir, de l'Etat de droit et d'une nouvelle gouvernance par la réhabilitation du management stratégique de l'entreprise et des institutions, par une libéralisation maîtrisée grâce au rôle central de l'Etat régulateur. Il faut également éviter l'instabilité juridique, le manque de cohérence et de visibilité dans la politique économique, combattre la corruption qui s'est socialisée en Algérie, démobilisant toute énergie créatrice, ainsi que la bureaucratie dont la sphère informelle en est le produit reflétant un Etat de non droit. Il faut favoriser le dialogue économique et social évitant la concentration excessive du revenu national au profit de rentes spéculatives destructrices de richesses, garder une partie de la rente pour les générations futures, mettre en place un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur les énergies renouvelables, et promouvoir des segments en réhabilitant l'entreprise, dans un environnement concurrentiel, loin de tout monopole, seule source de création de richesses permanentes dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux car évoluant au sein d' une économie mondiale de plus en plus ouverte, donc des allocations ciblées d'investissement. Réda Walid