Depuis une cinquantaine d'années, les meilleures terres agricoles régressent en superficie dans la plupart des pays méditerranéens, notamment par la pression urbaine et touristique. Dans la configuration spatiale du pourtour méditerranéen, les plaines littorales, relativement bien pourvues en ressources naturelles et présentant de bonnes aptitudes agricoles, sont directement confrontées à l'étalement des grandes villes (Athènes, Tunis, Alger, Tirana….). En Algérie, 34 % des superficies agricoles de trois communes à l'est d'Alger ont été bâtis entre 1972 et 1999. L'agriculture se trouve alors contrainte de choisir entre la perte en volumes de production, l'intensification sur les terres disponibles ou le repositionnement sur des sols moins fertiles. Ce constat a été établi par le Ciheam (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes). En outre, l'avenir du secteur de l'agriculture en Méditerranée vient de faire l'objet d'une étude qui met en avant les différentes contraintes auxquelles est confronté le secteur. L'axe central de cette étude vise à identifier les potentialités de la région et les défis qui guettent leur développement à l'horizon 2020. A cet égard, il est question d'un diagnostic des dynamiques agricoles à l'oeuvre dans la région, des chantiers prioritaires pour la Méditerranée, les scénarii globaux à l'horizon 2020 et, enfin, des propositions pour l'action et la mise en œuvre des recommandations arrêtées sur le terrain. Ainsi, au chapitre des diagnostics ayant été effectués, les différents aspects ont été pris en charge, comme le contexte socio-démographique, le contexte géoéconomique, l'état des ressources naturelles existantes, les techniques en vigueur et les normes scientifiques prises actuellement en compte. Il a été également procédé à l'analyse de l'alimentation et de l'évolution de la consommation dans la région et aussi les modes de gouvernance des mondes ruraux et agricoles dans les différentes économies de la région, que ce soit dans la rive nord ou sud de la Méditerranée. Au chapitre des perspectives socioéconomiques de la région, les prévisions ayant été effectuées tablent sur une démographie de près de 550 millions d'habitants pour la région de la Méditerranée à l'horizon 2020 tandis que la population urbaine continue à représenter, en moyenne, 60% de la population globale. Dans le même sens, les experts du Ciheam ont procédé également à l'évaluation de la participation du secteur de l'agriculture au PIB (Produit intérieur brut). Ainsi, il a été établi que dans les pays de l'Union européenne, les activités agricoles interviennent à hauteur de 3,2% au PIB alors que dans les pays arabes de la rive sud de la Méditerranée, l'apport de l'agriculture au PIB atteint une moyenne de 11,6%, et en Algérie ce taux est estimé à 8,3%, tandis qu'il est de 10,5 pour la Turquie et 1,9% en Israël. Au chapitre des pays importateurs de céréales, les pays maghrébins viennent en tête du classement, dont, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. En se penchant sur les défis des changements climatiques, les rédacteurs du rapport du Ciheam ont mis en garde contre la « poursuite de la désertification, l'amplification du stress hydrique, les zoonoses et maladies émergentes, les pertes de biodiversité, la hausse des coûts économiques et de nouveaux freins au développement ». Dans les mêmes projections sur l'échéance 2020, les experts de cette institution méditerranéenne se sont également penchés sur les niveaux de vie et l'évolution du pouvoir d'achat dans les différents pays de la région. A cet égard, il a été fait état de la persistance, dans les années à venir, de dérives alimentaires dans les économies du nord de la Méditerranée et l'aggravation des déséquilibres au sud, l'émergence de nouveaux modes de vie et de nouvelles pratiques alimentaires, la diminution de la consommation en produits traditionnels ainsi que la persistance de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire dans la région. M. Amani