Le secteur de l'automobile en Algérie ne semble pas avoir subi les contrecoups de la crise économique mondiale ressentie par les grands constructeurs (Américains, Japonais, Coréens et Européens).En effet, les prix à la vente des véhicules neufs auprès des concessionnaires demeurent toujours élevés. L'Algérie constitue un marché de ventes et le second plus grand marché du continent africain après l'Afrique du Sud. Une moyenne de plus de 200 000 véhicules de tous type qui sont vendus chaque année. Néanmoins, suite à l'introduction de la taxe sur les véhicules neufs (de 50 000 DA à 150 000 DA) instituée par le gouvernement, la demande a diminué de 15% sur le circuit formel des véhicules neufs au profit des marchés informels. Cela peut être considéré comme un élément prépondérant ayant contribué à une augmentation assez forte sur les prix des véhicules d'occasion. Ainsi, sous l'effet conjugué de la vente de ces véhicules dans des marchés archaïques (informel), et de la spéculation, les prix des véhicules d'occasion atteignent les sommets. Il faut dire que les souks à voitures pullulent dans toutes les régions du pays. On peut citer l'exemple d'El Harrach avec son souk du vendredi, et Tidjelabine le jeudi, pour ce qui concerne le Centre. A l'intérieur du pays, il y a le souk de Tadjnent (Sétif) et d'Akbou (Béjaïa), etc. Il faut dire qu'en l'absence de lois régissant l'achat et la vente de véhicules d'occasion, ces points de vente sont dominés par des spéculateurs de tout bord (revendeurs, arnaqueurs, trafiquants) qui dictent leurs propres lois. Ces individus dominent l'achat et la vente des voitures au niveau des marchés comme bon leur semble. Et le phénomène prend de l'ampleur depuis plusieurs années. Le plus troublant est qu'aucun critère logique ne préside aux fluctuations des prix sur les marchés des véhicules d'occasion, si ce n'est l'offre et la demande. Afin d'avoir une idée plus précise des variations des prix sur le marché, nous avons effectué une petite tournée au niveau des principaux souks du Centre. Il en ressort que les prix des véhicules de gamme moyenne, comme les petites cylindrées (la Clio, la 206, la saxo et même la petite arrivée, Maruti) ont enregistré des hausses qui se chiffrent en dizaines de millions de centimes, les voitures françaises étant les plus concernées. Cette variation subite est du fait des "courtiers" qui sont appâtés par le gain facile. Cela peut aussi s'expliquer par la demande sur ce genre de voitures vu la disponibilité de la pièce de rechange (contrefaite bien entendu) à des prix défiant toute concurrence, par rapport aux grosses cylindrées américaines et allemandes (Golf, Passat, Ford…), qui ne trouvent pratiquement pas d'acquéreurs dans ces marchés à cause de la cherté de leurs pièces de rechange et une consommation d'énergie importante. Or, acheter une voiture d'occasion en Algérie peut être une très mauvaise affaire avec l'absence de garantie, sans oublier la résurgence de problèmes liés aux trafics de papiers qui touchent surtout les grosses cylindrées. Ces voitures transitent via le Maroc, la Tunisie plus précisément, pour atterrir en Algérie. Des milliers de véhicules sont volés également en Europe et convoyés en Algérie sur la demande des complices pour les revendre le plus vite possible après les avoir maquillés avec la falsification de leur numéro de châssis grâce à des techniques se basées sur l'informatique. Les nouvelles voitures sont ensuite revendues sur le marché noir, souvent avec un prix attractif. La falsification des documents de véhicules volés se fait souvent en complicité avec des agents de différentes administrations. La gendarmerie fait état de l'arrestation de nombreux trafiquants qui ont un rapport avec ce trafic qui est passé à un autre stade. Les voleurs, souvent organisés en groupes, utilisent maintenant de différentes techniques pour s'emparer des voitures sous la complicité également de différentes personnes. Parmi les méthodes les plus utilisées, le recours à des femmes comme appât pour attirer les victimes. Les jeunes filles sont devenues en effet une arme fatale entre les mains des voleurs de voitures. La technique n'a rien de révolutionnaire : une jeune femme attire le propriétaire d'une voiture dans un endroit isolé où l'attendent des complices. Le propriétaire est alors obligé d'abandonner sa voiture, sous la menace. Selon la gendarmerie, les femmes servant d'appât sont généralement âgées entre 19 et 30 ans. Il y a aussi une autre méthode plus efficace, la possession du double de clés du contact. Ce genre de vol est plus utilisé sur les voitures du secteur public et des voitures de location. Finalement, il est temps que les pouvoirs publics interviennent pour réguler ce marché.Un marché qui va ouvrir ses portes spécialement aux vendeurs et acheteurs et mettra un terme définitif au marché informel, appelé "souk". En conclusion, des questions se posent dans le cadre de la future adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Est-ce que l'Algérie acceptera de ré instituer l'importation de véhicules de moins de trois ans ? Après que celle-ci a qualifié cette importation comme illégale puisqu'elle porte atteinte à l'intérêt national. (Rappelant que cette restriction (OMC) facilite la libre circulation des marchandises de tous genres. Et tous pays qui n'accepteront pas ces conditions, l'OMC les privera de s'intégrer au sein de son organisme). Il y a également urgence pour que les pouvoirs publics interviennent afin que les constructeurs se décident à investir en Algérie pour la réalisation d'usines de montage de certains types de voitures, ce qui créera des milliers d'emplois. L'Algérie ne peut pas continuer indéfiniment à être un juteux débouché pour ces constructeurs sans contrepartie. Nassim I.