Comme des dominos en équilibre, les uns après les autres, les grands constructeurs automobiles se trouvent devant de graves difficultés dans le grand cirque d'une économie sombrant droit vers la récession. Aux Etats-Unis, les trois majors, Ford, General Motors et Chrysler, filaient du mauvais coton et se trouvaient sur le point de déposer leur bilan, n'était l'annonce d'une aide consistante promise par le président américain nouvellement élu qui n'ignore pas que la locomotive de l'économie américaine est justement l'industrie automobile, et que la sacrifier pour des raisons d'orthodoxie financière ou économique, serait suicidaire. Déjà aux Etats-Unis, on se prend à rogner sur tout, à considérer l'annulation du contrat de sponsoring liant le champion de golf Tiger Wood et General Motors, contrat qui devait courir jusqu'à fin 2009 et prévoyait de verser au golfeur 7 millions de dollars par an. Toujours aux Etats-Unis, un groupe de concessionnaires, de syndicalistes et de fournisseurs du secteur automobile prévoit de conduire un convoi de véhicules de marques américaines de Chicago (Illinois, région d'origine de Barack Obama) à Washington, afin d'inciter le Congrès à voter un plan de sauvetage pour les trois grands constructeurs américains. En Corée du Sud, Daewoo, la filiale du constructeur américain General Motors, a annoncé, mardi 25 novembre, qu'elle allait fermer pour un mois, du 1er décembre au 4 janvier 2009, suite à la baisse des ventes. Un porte-parole de Daewoo justifie cette fermeture en affirmant qu'«elle est inévitable pour résorber les stocks et faire face à la baisse des ventes, tant en Corée qu'à l'étranger”. Il s'agit de la première fermeture temporaire depuis 2002, lorsque General Motors a pris le contrôle de Daewoo Motors, après la faillite du groupe Daewoo. En octobre déjà, les ventes avaient baissé de 11,3%, par rapport à la même période 2007, soit 73 120 véhicules d'écoulés en moins. Le constructeur japonais Nissan renonce au Salon de l'automobile de Détroit afin de réaliser des économies et, principalement parce qu'il n'a pas prévu de nouveaux modèles à y présenter. Le groupe japonais Nissan, après un plongeon de 40,5% au premier semestre 2008, sombre un peu plus avec 66,8% de pertes prévues sur son bénéfice net, en un an (avril 2008-mars 2009). L'usine Toyota d'Onnaing, nord de la France, compte fermer durant deux semaines en décembre et une semaine en mars tout en réduisant sa production de 20%, à partir de février pour faire face à la baisse des commandes, selon les syndicats d'entreprise. Au Japon, Toyota premier constructeur automobile, vient d'annoncer la suppression en mars 2009 de 3 000 postes de travail intérimaires ou temporaires sur 6 000 au Japon, ainsi qu'un arrêt de la production de deux jours dans ses usines du Canada et des Etats-Unis. À signaler que la production a déjà été arrêtée durant trois mois dans trois de ses usines américaines. Les constructeurs français PSA Peugeot-Citroën et Renault ont eux aussi annoncé des fermetures temporaires d'usines, des plans de suppression de milliers d'emplois dans le monde après une réduction sérieuse de leur production. Au cours de la semaine écoulée, la majorité démocrate du Congrès a décidé de se donner 15 jours supplémentaires afin de présenter un plan viable destiné à sauver les trois géants de Détroit (Ford, General Motors et Chrysler). Elle a aussi demandé aux trois constructeurs de présenter leurs projets de restructuration le 2 décembre, avant de reprendre la session le 8 décembre. Il faut rappeler qu'une aide publique de 25 milliards de dollars a déjà été accordée aux trois géants en septembre 2008, alors que ceux-ci demandent désormais aux pouvoirs publics de favoriser les prêts automobiles afin d'aider à se relever le niveau actuel des ventes de voitures qui ne leur permet plus de réaliser des bénéfices, selon eux. En Espagne, aussi, le secteur automobile est au bord de la déprime : plus de 18 000 employés sur les 70 000 ont vu leur emploi affecté par la crise, soit par la mise au chômage technique, soit par le non-renouvellement de contrats (CDD). En comptant les constructeurs, les concessionnaires et les équipementiers du secteur espagnol de l'automobile, pas moins de 50 000 emplois se trouvent dans l'œil du cyclone. Les ventes ont déjà plongé de 40% sur un an en octobre et le pire semble à venir. En effet, 20 000 personnes sont menacées de licenciement par les concessionnaires qui les emploient pour cause de mévente, avec de gros stocks de voitures qui sont restés sur le carreau, invendus Synthèse Djamel Zidane