La crise financière mondiale, transformée en une crise économique, risque de générer à une crise humanitaire. C'est du moins l'avis du président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellik, et le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, qui ont mis en garde, dimanche, sur le risque d'une "catastrophe humanitaire" dans les pays en développement si rien n'est entrepris à travers le monde pour faire face aux conséquences humanitaires de la crise financière et économique mondiale. Les deux dirigeants des institutions de Bretton Woods ont lancé cette mise en garde lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée à l'issue de la réunion du Comité de développement de la Banque mondiale à Washington. Le président de la BM a regretté qu'après avoir pu entamer la réalisation des Objectifs du Millénaire de développement (OMD) pour réduire de moitié le nombre des populations pauvres à l'horizon 2015, plusieurs pays voient ces objectifs compromis. Selon ses estimations, de 55 à 90 millions de personnes supplémentaires s'ajouteront, en 2009, aux populations déjà touchées par l'extrême pauvreté, tandis que le nombre de personnes souffrant de la faim chronique pourrait augmenter à plus d'un milliard sur l'année en cours. Autre motif de cette crainte, "personne ne sait combien va durer cette crise financière et économique internationale", a lâché le numéro un de la Banque mondiale. De son côté, M. Strauss-Kahn a estimé que la crise financière et économique est effectivement plus perceptible par ses conséquences humaines, proposant que le FMI se doit d'être réorganisé et avoir un "nouveau visage" pour plus d'efficacité: "le FMI est en train de changer pas seulement sur le plan éthique mais aussi pour plus d'efficience". Il est à souligner que le Comité de développement de la BM a indiqué, à l'issue de ses travaux dimanche, que l'économie mondiale s'étant considérablement détériorée depuis sa dernière réunion, cette évolution a des conséquences particulièrement graves dans les pays en développement sur le plan humanitaire. Les institutions multilatérales ont besoin de ressources et de capacités pour pouvoir prévenir les crises ou y riposter de manière efficace, a-t-il ajouté, tout en se félicitant des engagements pris par les pays membres de fortement accroître les ressources du FMI. "Nous devons maintenant donner une suite concrète aux engagements que nous avons pris, notamment ceux formulés par les participants au récent sommet de Londres, en prenant des mesures concertées et en dégageant des ressources supplémentaires. Nous demandons instamment à tous les bailleurs de fonds de concrétiser plus rapidement la promesse qu'ils ont faite d'accroître leur aide et nous devons, quant à nous, examiner la possibilité d'aller au-delà de nos engagements actuels", note-t-il. Le Comité de développement a souligné qu'il donne son appui aux initiatives lancées par la BM. Il s'agit de la mise en place du Mécanisme de financement en faveur des pays vulnérables, qui regroupe le Programme d'intervention, en réponse à la crise alimentaire et le nouveau Programme d'intervention rapide dans le secteur social, alors que la Société financière internationale (SFI, filiale de la BM) a également créé le Mécanisme de renforcement de la microfinance pour aider les emprunteurs pauvres. Pour relancer le financement du commerce, la SFI a porté le montant de son Programme de financement du commerce mondial de 1 à 3 milliards de dollars, et a lancé le Programme de liquidités pour le commerce mondial, qui devrait fournir un appui au commerce à hauteur de 50 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Pour assurer la poursuite du développement des infrastructures et créer de l'emploi, la BM prêtera jusqu'à 15 milliards de dollars par an au titre de projets d'infrastructure, et la SFI a mis en place le Mécanisme d'appui à l'infrastructure en situation de crise. Quant au secteur financier, la SFI a mis en place un Fonds de recapitalisation qui permettra de fournir des capitaux supplémentaires aux banques des pays en développement. Un grand nombre de ces initiatives est conçu de manière à mobiliser des ressources. Z.M.