L'amendement de la loi sur les hydrocarbures avec l'introduction de la taxe sur les superprofits pétroliers a été suivi d'une levée de boucliers quandt à l'existence de facteurs purement politiques ayant motivé l'introduction des nouvelles conditions pour l'investissement dans les hydrocarbures. Ces déclarations sont venues surtout du directeur du Fonds monétaire international qui a fait une analogie avec l'exemple vénézuélien et bolivien, puis du directeur de l'Agence internationale de l'énergie suivi du secrétaire américain du secteur. Pourtant, le procédé est loin d'être inédit. En Chine, Pékin a monté un dispositif ad hoc pour récupérer une partie de la cagnotte des groupes pétroliers et en Grande-Bretagne, Londres a doublé dès la fin 2005 le montant de la taxe sur les profits des compagnies opérant en Mer du Nord. Aux Etats-Unis, même combat. Bon nombre d'associations et d'élus démocrates militent pour l'instauration d'un impôt spécifique. Mais ce qui semble être légitime pour les uns ne l'est pas pour d'autres. En effet, quand en 2001 le Venezuela a adopté une nouvelle loi sur les hydrocarbures réduisant la part des grandes entreprises pétrolières dans le gâteau vénézuélien, M. Hugo Chavez est devenu l'ennemi public No 1 des conglomérats énergétiques internationaux. Le président Bolivien, Evo Morales, a eu droit aux mêmes critiques quand il a réorganisé son secteur énergétique. Cependant, tout en dénonçant la démarche de certains pays producteurs à s'assurer légitimement une meilleure répartition de la manne pétrolière, dont ils dépendent, les gouvernements occidentaux lorgnent de plus en plus les bénéfices engrangés par les géants de l'énergie, pétrole et gaz en tête. Il est vrai que, bénéficiant à fond de la hausse des prix du gaz et du pétrole, les principales compagnies pétrolières mondiales ont accumulé ensemble près de 150 milliards de dollars de bénéfices en 2006, plus que la richesse annuelle produite par des pays comme le Venezuela ou la République tchèque. Les quatre premières majors du secteur, avec plus de 100 milliards de dollars, dégagent une richesse comparable à celle des Philippines, de la Roumanie ou de 131 millions de Nigerians. C'est la hausse des prix du pétrole brut, qui ont flambé en 2006 pour atteindre le record de 78 dollars le baril au mois d'août, qui explique l'ampleur de ces profits. Ces bénéfices record ont propulsé les compagnies pétrolières parmi les premières entreprises dans le monde. ExxonMobil a ainsi détrôné General Electric comme la première entreprise en termes de capitalisation, selon le classement 2006 établi par le Financial Times. Ces profits faramineux ont relancé le débat sur la taxation de ces super-bénéfices énergétiques, notamment en France où l'annonce des bénéfices record du groupe Total a relancé, mercredi le débat sur la question, initié par l'association UFC-Que Choisir et plusieurs candidats à l'élection présidentielle. Malgré un quatrième trimestre en recul de 10%, le groupe pétrolier français a enregistré en 2006 un bénéfice net ajusté de 12,585 milliards d'euros, en hausse de 5% sur 2005. Ce bénéfice, réalisé grâce à la flambée des prix du pétrole, est le plus important jamais réalisé par le cinquième groupe mondial. A deux mois de la présidentielle en France, les super-profits du pétrolier Total s'imposent dans la campagne. Gauche et droite s'affrontent sur l'idée d'une taxe exceptionnelle sur les super-profits des grandes sociétés. Les bénéficies des majors semblent de plus en plus en ligne de mire des taxateurs. Cette taxe sur ces super-profits a été envisagée dans tous les pays occidentaux, y compris les USA. Cela ne peut que renforcer la volonté de l'Algérie à défendre la taxe sur les super-profits pétroliers introduite par les amendements à la loi sur les hydrocarbures.