La nouvelle carte de l'Algérie semble être le gaz. Le marché algérien de l'énergie, convoité surtout par les Américains, devient la cible préférée des étrangers. Apparemment, la crainte de voir les investissements étrangers diminuer dans le secteur à la suite de l'amendement de la loi sur les hydrocarbure et l'introduction de la taxe sur les superprofits pétroliers, est écartée. Les Etats-Unis, l'Italie, à l'instar de la Russie, se bousculent pour obtenir les meilleurs projets. La nouvelle carte de l'Algérie semble être le gaz, selon l'Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier (Aspo), qui estime que le pic de la production mondiale de gaz interviendra environ 20 ans après celui du pétrole. Nul ne peut nier que le gaz naturel est devenu, ces dernières années, un véritable enjeu mondial. Considéré comme la principale solution de rechange au pétrole, il est de plus en plus convoité par les pays développés, soucieux d'assurer leur sécurité énergétique. La situation est telle que les discussions et les négociations avec les pays exportateurs comme l'Algérie sont devenues permanentes, surtout depuis que le premier exportateur mondial de gaz, la Russie en l'occurrence, a suspendu, momentanément, ses livraisons à l'Ukraine pour un différend sur les prix au début de l'année 2006. En outre, le dernier développement dans les relations algéro-russes a créé une rude concurrence dans ce domaine. Restée le premier fournisseur d'armes d'Alger, la Russie tente de faire un spectaculaire retour dans l'énergie nucléaire. Disposant déjà de deux réacteurs de recherche, Alger veut lancer un programme de centrales électronucléaires avec Moscou. Parallèlement, les deux pays ont signé un mémorandum d'entente dans le domaine énergétique. Ce mémorandum, qui sanctionne la visite «fructueuse» du ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Victor Khristenko, en Algérie, constitue un cadre de coopération et de suivi de la concrétisation des projets définis par les deux parties et qui touchent à différents segments de la chaîne énergétique (exploration, production, commercialisation et transport). Le ministre de l'Energie, lui-même, avait déclaré que ce mémorandum doit permettre aussi de «démontrer que des sociétés russes peuvent entrer en concurrence avec d'autres sociétés et arriver à des résultats très positifs en Algérie». Mais, le renforcement du partenariat entre Sonatrach et Gazprom dans différents domaine y compris la commercialisation du GNL a irrité les Européens. Un investissement en commun de 3 à 4 milliards de dollars. L'Algérie et la Russie ont été même soupçonnées de vouloir créer un cartel du gaz. Les deux parties se sont employées, ces derniers jours, à dissiper les inquiétudes de leurs clients européens en s'engageant à assurer la sécurité des approvisionnements. «Ce ne sera pas pour autant une Opep du gaz», ont rassuré les ministres de l'Energie des deux pays. Cependant, le député à la Douma, Guennadi Selezniov, estime très réelle l'idée de constituer un cartel gazier à l'image de l'Opep, dont feraient partie les plus grands producteurs mondiaux de gaz. Un avis que partage le leader spirituel iranien, l'Ayatollah, Ali Khamenei, qui émis une idée dans ce sens. Guennadi Selezniov a souligné que la création d'un cartel de gaz devant réunir l'Algérie, la Russie, le Qatar et l'Iran est une idée très utile. En outre, l'ancien président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) estime que les perspectives du développement de la branche résident dans la transformation du gaz. «Pour ce qui est du cartel, je n'exclus pas qu'il puisse voir le jour en tant qu'organisation», a-t-il ajouté rejoignant ainsi Chakib Khelil qui n'a pas écarté la possibilité de création d'un marché de gaz liquide d'ici 20 à 30 ans. Ce rapprochement à fait bouger également les Américains considérés comme les premiers investisseurs dans ce secteur. Environ 19% des approvisionnements américains de gaz sont fournis par l'Algérie. Les investissements des Américains dans les hydrocarbures seraient de l'ordre de 5 milliards de dollars. Les différentes compagnies pétrolières, entre autres, General Electric, Amerada Hess, Shell, et Anadarko cherchent à accentuer leurs activités en Algérie. D'ailleurs, les relations entre les compagnies énergétiques algériennes Sonatrach et Sonelgaz et la multinationale américaine General Electric (GE), ont été au centre d'entretiens, dimanche à Alger, entre le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, et le président-directeur général de GE, M.Jeff Imelet. La multinationale GE détient, en vertu d'un accord signé en mars 2006, 52% de la société mixte Algerian engeneering services (Algesco) alors que Sonatrach et Sonelgaz se répartissent les 48% restants. Le capital de l'Algesco, spécialisée dans la maintenance des turbines à gaz basée à Hassi R'mel, était détenu jusque-là, à 48% par GE, 26% par Sonatrach et 26% par Sonelgaz. Là aussi, cet accord suscite des inquiétudes et des interrogations, mais cette fois-ci sur l'utilité des derniers amendements portés sur la loi des hydrocarbures. Rappelons que ces changements consacrent le contrôle par l'Etat des richesses en hydrocarbures du pays. En clair, Sonatrach détiendra une part de 51% minimum dans tout contrat de recherche, de développement de gisements de pétrole ou de gaz et dans tout projet de réalisation d'infrastructures de transport. Aussi, ce cas semble contraire à la loi adoptée par l'APN. Sonatrach est non seulement loin du taux mais, en plus, les parts des deux sociétés algériennes additionnées n'atteignent pas les 51%.