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Quelle politique pour lutter contre le chômage et préserver le pouvoir d'achat?
Le programme du gouvernement algérien 2009/2014 face à la crise économique mondiale
Publié dans Le Maghreb le 21 - 05 - 2009

* Abderrahmane Mebtoul Expert international C'est en période de chute des cours du pétrole que les réformes sont menées, certes timidement et que depuis 1986, l'Algérie est dans une interminable transition n'étant ni une économie étatisée ni une véritable économie de marché concurrentielle, d'où le peu d'efficacité de la régulation politique, sociale et économique. Si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, cela aura des incidences sur le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d'inflation réel, si elles veulent éviter la faillite. Ou, alors l'Etat devra recourir à nouveau à leur assainissement qui a coûté entre 2002/2008 au Trésor plus de 5 milliards de dollars US. Cela freinerait à terme le taux d'investissement utile, la plupart des opérateurs économiques préférant se réfugier dans les activités spéculatives à court terme. Cela explique la faiblesse du pouvoir d'achat, le Smig étant à 120 euros contre une moyenne de 150/200 au Maroc et en Tunisie. Lié à l'aspect précédent , doit être prise en compte l'analyse des couches moyennes productives pilier de tout développement en voie de disparition , des enquêtes sur le terrain montrant en comparaison au Maroc et à la Tunisie (il existe des disparités par strates du fait que la politique salariale dans ces deux pays favorise les couches moyennes productives et non les rentières comme en Algérie) que le niveau de vie des fonctionnaires algériens en termes de parité du pouvoir d'achat (tenant compte qu'en moyenne 80/90 dinars = 1 euro, avec la dévaluation récente ) est plus élevé au Maroc et beaucoup plus en Tunisie. Et que la mensualité d'une manière générale d'un enseignant du primaire au supérieur supposé former les cadres de demain, en fin de carrière, est environ d'un tiers de celles de ses collègues marocain et tunisien, avec les nouvelles augmentations de 2008 ( moins du un tiers par rapport au salaire d'un simple député ou sénateur pour un professeur d'université ) et 80% de ce montant en retraite ( donnant un écart d'un quart du fait que la retraite des hauts cadres est de 100%) sans compter les conditions de travail bien plus meilleures et surtout la considération (statut de l'élite au niveau de la société en Algérie dévalorisé). Et, phénomène nouveau, il s 'agit de prendre en compte les crédits à la consommation, où on assiste à l'endettement constant des ménages pour certains biens durables (prêts voiture, logement par exemple), un prêt de 100 millions de centimes algériens en 2009 traduit un remboursement, tenant compte des intérêts composés, de 150 en 2012 dont l'effet à terme est une détérioration du pouvoir d'achat ce qui implique d'analyser les liens dialectiques entre la concentration du revenu source d'injustice sociale au profit de couches spéculatives au détriment à la fois des producteurs de richesses et de la majorité des ménages algériens et le processus d'accumulation du capital. Paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et des distribution de revenus sans création de valeur au nom de la solidarité (bien que la destination des transferts sociaux ne concerne pas toujours les plus défavorisés) permettent à une famille de disposer de plusieurs revenus reportant dans le temps, provisoirement, les tensions sociales dans la mesure où toute nation ne distribue que ce qui a été préalablement produit. IV- Quel taux de croissance pour créer 3 millions d'emplois et améliorer le pouvoir d'achat entre 2009/2014? Les rapports en date du 22 avril 2009 du FMI et celui de l'OCDE du 14 mai 2009 , outre qu'il révisent à la baisse la croissance de l'économie mondiale, influant sur la demande d'hydrocarbures, dont les recettes en devises sont de 98%, sont inquiétants pour l'Algérie pour trois raisons fondamentales. Première raison, face à la croissance de la population active et une réduction du taux de chômage actuel cela implique un taux de croissance, selon l'avis unanime des organismes internationaux entre 7/8% sur plusieurs années cumulées, taux d'ailleurs confirmé officiellement à maintes reprises par le gouvernement algérien, pour atténuer à terme les tensions sociales. En effet la population en âge de travailler augmente chaque année de près de 3,4%. La pression sur le marché du travail est le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active. La production et les exportations hors hydrocarbures y compris les services marchands, liées à l'approfondissement de la réforme globale sont la condition sine qua non pour la création d'emplois durables où existant d'ailleurs un sureffectif au niveau des administrations et de certaines sphères économiques étatiques en comparaison avec des pays semblables. Deuxième raison, le taux de croissance de 2,1% en 2009 et 3,5%en 2010, selon ces rapports FMI est extrêmement faible comparé à la dépense publique. Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développement dépensant le 1/3 de l'Algérie ont des taux de croissance plus importants. Ces dépenses ont été rendues possible essentiellement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures entre 2007/2008 dont le cours moyen pour 2007 a été de 75/77 dollars et 100/110 dollars pour 2008. Qu'en sera-t-il si les cours stagnent à 50/60 dollars ou encore moins entre 40/45 dollars, Sonatrach et Sonelgaz absorbant pour leurs nouveaux investissements entre 2009/2013, à un cours de 50/60 dollars avec 50% de ses recettes des hydrocarbures et plus de 60% pour un cours entre 40/50 dollars et tenant compte d'un dollar constant 1 euro égale à 1,28/-1,30 dollar. Comme cela rendrait non rentables certains projets gaziers et pétrochimiques hautement capitalistiques, alors que dans d'autres pays elles traversent une crise de demande bien que déjà amorties. Troisième raison, il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d'emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité. On ne crée pas des emplois par des lois et décrets : c'est l'entreprise qui crée l'emploi. Il s'ensuit qu'avec un taux de croissance de 3%, l'Algérie évitera les licenciements massifs, comme cela se passe de par le monde (plus de 20 millions en Chine depuis la crise). Or, Sonatrach ne créant pas d'emplois est déjà en sureffectifs, pour créer trois millions d'emplois, il faudra un taux de croissance entre 2009/2013 de 6/7% minimum par an. Avec les taux de croissance 2/3%, l'on pourrait créer moins de 50% du programme à moins que le gouvernement ait des solutions innovatrices loin des actions de distribution de salaires fictifs au nom de la solidarité ou des milliers de jeunes s'adonnent temporairement à désherber les routes ou à faire et refaire des trottoirs. C'est dans ce cadre que je juge utile d'analyser le dernier rapport de l'ANDI (agence nationale de l'investissement) qui a annoncé pour 2008 un volume des investissements enregistrés en 2008 de 2 402 milliards de dinars, le montant global des IDE en partenariat, en Algérie, étant passé de 145,7 milliards de dinars en 2007, à 897,6 milliards de dinars, le tout en 2008 avec 16 925 projets et la création de 196 754 postes d'emploi. C'est que le bilan de l'ANDI ne tient pas compte de l'impact de la crise mondiale qui verra inéluctablement, confirmé par l'ensemble des rapports internationaux, une contraction des investissements directs étrangers et une baisse de la demande tant locale qu'internationale, -Par ailleurs ces déclaration sont en contradiction avec le bilan dressé à la réunion du Conseil national de l'investissement (CNI), fin mai 2008 où il a été établi que sur 11 400 projets d'investissements nationaux et étrangers enregistrés en 2007 par l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), pas moins de 8000 concernent un seul secteur, plus de 70%: les transports de personnes et de marchandises. Et que la plupart des projets agréés par l'ANDI - donc ouvrant droit à d'importantes mesures de soutien de l'Etat- sont concentrés au niveau d'une dizaine de wilayas du nord du pays. Plus inquiétant, sur tous les dossiers présentés, seuls 136 sont des investissements étrangers se concentrant surtout au niveau du BTPH et les services avec une rentabilité à court terme, et donc étant attiré par les réserves de change étant sûrs d'être payés. Ainsi, les résultats des organismes chargés de l'emploi (ANDI l'ANSEJ , le CNAC-) sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. En conclusion, il y a donc risque de tensions sociales croissantes en cas d'amenuisement des ressources financières, les dépenses 2008/2009 étant à hauteur de 78 dollars le baril selon le FMI ne posant pas de problèmes pour deux années 2009/2010 (mais que 140 milliards de dollars de réserves de change, sont une goutte dans l'océan des bulles financières mondiales). Car en cas de persistance de la crise qui influe sur la demande d'hydrocarbures, les tensions budgétaires devaient se manifester, si le cours du pétrole est entre 55/60dollars courant 2012, et pour un cours entre 40/45 dollars fin 2010 début 2011. Avec en plus le risque d'un retour à l'inflation, principalement due à l'inefficacité de la dépense publique, vecteur de concentration des revenus au profit de couches spéculatives, qui ne peut qu'entraîner une détérioration plus poussée du pouvoir d'achat des Algériens et impliquant la hausse des taux d'intérêts des banques primaires, si elles veulent éviter la faillite, (ou à des recapitalisations de l'Etat) afin d'éviter de décourager l'investissement productif. Cependant existent des possibilités pour augmenter le taux de croissance en Algérie qui recèlent d'importantes potentialités malgré la crise, d'au moins deux points, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises. D'où l'urgence d'une profonde mutation systémique loin des intérêts de la rente, le blocage essentiel de l'investissement local et étranger source de création
de valeur, comme je l'ai montré dans une interview (fin 2008) au quotidien économique français les Echos, étant le terrorisme bureaucratique, l'instabilité juridique, produit de la démarche administrative autoritaire, qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale. NB- Abderrahmane Mebtoul a dirigé une équipe pluridisciplinaire composé d' économistes, de sociologues, de démographes et de cadres de l'Etat entre janvier 2006 et mai 2007 relative à un important audit pour les pouvoirs publics algériens , la première du genre en Algérie, qui a contribué à la revalorisation de la grille de la fonction publique : " Face aux mutations mondiales, propositions d'une politique de l'emploi et des salaires pour l'Algérie entre 2008/2014" (5 volumes 925 pages). (Docteur d'Etat -1974) Expert comptable des Instituts de gestion de Lille France Professeur d'université en management stratégique (Algérie) Suite et fin.

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