Après tant de rhétorique autour du phénomène des harraga, et surtout des jeunes désabusés, les cinéastes (encore eux), sont actuellement sur un chantier du genre pour faire leurs " images des jeunes).Leur chantier s'appelle, "Es saha ", (La place), une comédie musicale qu'on présente comme étant la première du genre alors qu'il y a eu les flop de Moussa Haddad, et sera tournée entièrement à la cité des Bananiers de Bab Ezzouar, un lieu hautement symbolique des nouveaux quartiers populaires. Quartiers neufs dont les logements sont en voie d'être acquis par des petits salariés, au moyen des prêts bancaires sangsues. Celui qui paraphera le produit est Dahmane Ouzid, le producteur est Belkacem Hadjadj, l'auteur de Machaho, le nom de sa boite d'ailleurs, tandis que le producteur (le vrai, celui qui donnera les sous), sera l'ENTV. Le premier tour de manivelle de cette comédie musicale qui sera entièrement tournée dans le décor brut de la cité des Bananiers, a été donné ce week end en présence du secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi et le Secrétaire général de L'UGTA, Abdelmadjid Sidi Said. présents, ont été conviés à donner le premier clap, en signe de démarrage du tournage de la comédie musicale. Le film de 16 épisodes de 35 minutes chacun est un peu dans le genre West Side Story, une parodie de Roméo et Juliette, qui ne se passe ni en Angleterre ni dans le West Side américain, mais aux Bananiers. Livrables en Octobre ou Novembre 2009, les premières séquences filmées de ce produits représentaient une chorégraphie accompagnée de chants et de musique et exécutée par des comédiens, hommes et femmes de différents âges. Dans Es saha, il y aura une cinquantaine de comédiens, tous amateurs donc pas chers, et parmi eux, dix tiennent les rôles principaux. Ecrite par Salim Aissa, scénariste d'El Manara de Belkacem Hadjadj, l'équipe musicale de cette comédie est composée de plusieurs musiciens et compositeurs connus sur la scène artistique algérienne et même internationale dont le jazzman Amine Hamrouche (Aminoss), le jeune compositeur Redouane Bouhired, Youcef Boukella, fondateur de l'ONB (Orchestre national de Barbès) ou encore l'inclassable Cheikh Sidi Bémol. Es saha qui est dotée d'un budget de près de 110 millions de dinars, sera entièrement tournée à l'extérieur, au cœur de la cité des Bananiers, au milieu des habitants, dans un décor planté sur un terrain vague d'une centaine de mètres carrés jouxtant la cité. Selon le réalisateur, ce film lèvera le voile sur le quotidien des habitants d'une cité nouvellement inaugurée qui se disputent "la place". "Cœur de la cité et un espace commun par définition, pour se l'approprier, chacun selon ses désirs et ses desseins plus ou moins cachés. Sur cette place où tous les habitants finissent par apprendre le partage et le " vivre ensemble ", les jeunes tiennent la vedette ". Sur un fond de Hip hop, rehaussé de sonorités locales, entre autres, gnaoui, Kabyle, les jeunes danseurs amateurs, garçons et filles racontent leur quotidien au moyen de l'expression corporelle. Le réalisateur de la comédie musicale a soutenu qu'il a voulu, à travers Es Saha donner une image des jeunes algériens, "faite d'énergie et de rêve, une image positive pour tordre le coup à cette autre image faite de suicides et de harga (fuite) à l'étranger, pour échapper à la mal- vie et aux frustrations. Le film qui sera monté en version cinéma, est en un mot, le revers du harrag ". Par Yasmine Ben