La flambée des prix alimentaires a fait grimper de 115 millions le nombre d'affamés dans le monde, et la crise financière a aggravé la situation, selon la FAO. Les premiers résultats de travaux entrepris par la FAO montrent que la crise économique et financière pourrait pousser plus de 100 millions de personnes dans une situation de faim chronique, a indiqué M. Diouf, tout en précisant que 15 % de la population mondiale ne mangeait pas à sa faim. Depuis le mois dernier, 31 pays se trouvent dans une situation de crise alimentaire nécessitant une aide d'urgence. Parmi ces pays, une vingtaine sont en Afrique, neuf en Asie et au Moyen-Orient et deux en Amérique centrale et les Caraïbes. "Cela est inacceptable. Comment peut-on expliquer à des gens sensés et de bonne volonté une telle situation dramatique dans un monde où les ressources internationales abondent et alors que des trillions de dollars sont dépensés pour stimuler l'économie mondiale?", s'est interrogé Jacques Diouf. Le Directeur général de la FAO a appelé à mobiliser des fonds supplémentaires et appropriés pour aider les pays en développement à augmenter leur production agricole. A cet égard, il convient d'investir dans les infrastructures rurales, de garantir l'accès aux intrants modernes et de faire bénéficier les petits paysans du soutien d'institutions adéquates. Jacques Diouf préconise le renforcement du système planétaire de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale. Quant aux aspects du commerce international ayant entraîné un surcroît de faim et de pauvreté, il a souligné la nécessité de les changer. "Nous devons construire un système de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale plus cohérent et plus effectif; nous devons corriger les politiques et le système des échanges international qui ont entraîné une aggravation de la faim et de la pauvreté", a dit notamment M. Diouf. Le Directeur général de la FAO a lancé cet appel lors de l'ouverture le 6 juin en cours du Forum céréalier mondial à Saint-Pétersbourg en présence de hauts responsables russes et de ministres de l'agriculture de plus de 50 pays. Le Président Dmitri Anatolievitch Medvedev participe à cette importante réunion de deux jours, axée sur la sécurité alimentaire mondiale et le marché céréalier mondial, et qui avait été proposée par la Fédération de Russie lors du Sommet du G8 en juillet dernier au Japon. "Ce qui est important aujourd'hui c'est de réaliser que le temps des paroles est désormais révolu", a dit M. Diouf aux participants au Forum. "Le moment est venu de passer à l'action. La crise alimentaire nous a appris que pour vaincre la faim, nous devons nous concentrer sur ses causes profondes et cesser de nous occuper des conséquences des erreurs du passé." "La hausse des prix alimentaires a commencé en 2006, s'est accélérée en 2007 et a atteint un sommet en juin 2008. Cela signifie qu'en deux ans seulement, les prix internationaux des produits alimentaires de base ont augmenté d'environ 60 % alors que ceux des céréales doublaient", a rappelé M. Diouf. Et de faire observer que les prix moyens des denrées alimentaires sont toujours 17 % plus élevés qu'en 2006 et 24 pour cent de plus qu'en 2005. Quant au rapport stock/utilisation des céréales, il était de 20,2 % en 2007/08, soit son plus bas niveau en 30 ans.