Une rencontre de sensibilisation sur les dangers liés au travail des enfants, organisée jeudi à Constantine par l'inspection du travail de la wilaya, a fait ressortir l'importance de la prévention dans ce domaine. Citant les causes qui poussent les enfants à travailler, Mme Boumendjel, médecin du travail à la direction de la santé et de la population, a mis l'accent, dans ce contexte, sur le fait que le "besoin" et "l'insuffisance du revenu familial" ne sont pas les seules causes de "l'introduction précoce des enfants dans le rude monde du travail". L'inconscience de certaines familles, le besoin des enfants de s'identifier aux adultes et le besoin de disposer d'argent de poche, sont également cités parmi les facteurs qui poussent les enfants à se retrouver trop tôt à exercer une activité lucrative au lieu de vivre leur enfance. Soulignant les dangers du travail sur le développement psychique de l'enfant, cette praticienne a préconisé des actions qui devraient être développées pour prévenir le travail des enfants, dont la multiplication "des activités récréatives et éducatives au profit des jeunes qui sont les adultes de demain". Au cours de cette rencontre organisée à l'occasion de la journée internationale de la lutte contre le travail des enfants, placée, cette année, sous le signe "non au travail des fillettes", les communicants ont souligné qu'en matière de textes de lois, l'Algérie qui a ratifié toutes les conventions internationales en matière de protection de l'enfance, et promulgué des lois qui prévoient des châtiments des plus sévères à l'encontre des crimes et délits commis contre les mineurs, est un pays "des plus protecteurs en la matière". Il n'en demeure pas moins, a-t-on relevé, qu'en matière de travail des enfants l'application de ces lois sur le terrain se heurte à "bon nombre de difficultés". Un responsable de l'inspection de travail de la wilaya soulignera à ce propos que pour "verbaliser ou constituer un dossier à l'encontre d'un employeur d'enfant, il faut pouvoir faire le constat sur site et disposer de preuves, or, le travail des enfants est souvent entouré d'un grand secret en plus du fait que la plupart des enfants qui travaillent sont des vendeurs à la sauvette dont il n'est pas évident d'identifier les employeurs". La loi voudrait que les parents ou les tuteurs de ces enfants soient poursuivis en justice mais, a-t-on soutenu, le magistrat appréhende de créer un problème plus grave et de déstabiliser l'ensemble de la famille des parents incriminés. Le même cas se pose pour les enfants utilisés dans la mendicité dont on hésite à poursuivre les mères, souvent derrière ce genre de délit, de peur d'aggraver la situation déjà suffisamment précaire de sa famille. R.R